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chaque hectare rapporte 8 tonnes. Mais l’exportation, très réduite comme on sait, ne représentait, en 1895, qu’une valeur de 1 491 pesos pour les États-Unis, 466 pour la France, 4 750 pour Mexico, 9 030 pour l’Espagne ; en tout 15 036 pesos (55 000 francs), et ce tout n’est rien[1]. En 1892, l’Espagne avait encore acheté 164 tonnes de café cubain au prix de 427 000 francs ; depuis lors, chute brusque, pour des motifs divers qui ne sont pas tous économiques, mais dont le plus efficace, et si efficace qu’il n’est pas besoin d’en chercher d’autres, a été l’abandon pour ainsi dire complet de la culture de cette plante à Cuba, et la concentration de toutes les forces productives à peu près sur la seule culture du sucre.

Est-ce là, comme certains le veulent, « une direction industrielle imprudente, grosse de risques et de périls ? » Est-ce là «une erreur économique, comparable, toutes proportions gardées, à celle commise en Espagne même quand, sur la foi de folles espérances, on a donné à la culture de la vigne un développement exagéré ? » Le café des Antilles était cependant suffisamment protégé dans la Péninsule contre ses concurrens du dehors, puisqu’il ne payait que 60 francs par 100 kilos, tandis que les autres payaient 134 fr. 50[2]. D’ailleurs, de ce que laissait tomber Cuba, Puerto-Rico ramassait une partie ; puisque, si, pour Cuba, l’exportation du café, de la colonie dans la métropole, était, en 1879-1881, de 772 tonnes, valant 1 523 000 francs, et n’était plus, en 1890-1892, que de 358 tonnes, représentant seulement 849 000 francs, au contraire, pour Puerto-Rico, elle passait de 617 tonnes, valant 1 238 000 francs, en 1879, à 4 415 tonnes, représentant 11 479 000 francs, en 1892 ; si bien qu’il ne se buvait guère en Espagne de café qui ne vînt de Puerto-Rico, et que la Péninsule achetait environ la moitié de la récolté : 4 415 tonnes en 1892, 5 126 en 1893, 4 898 en 1894, sur 150 000 sacs de 45 kilogrammes ou 9 750 tonnes[3].

Ce chiffre, qui exprime sa production totale, prouve, du reste, qu’à défaut de la Grande, la Petite Antille demeure un facteur non négligeable du marché universel pour le café. Elle y vient, quelque restreinte que soit sa superficie, au septième rang. En

  1. Estadistica general del Comercio exterior de la Isla de Cuba en 1895. formada por la Direccion general de Hacienda del Ministerio de Ultramar : Madrid, 1897.
  2. D. Pablo de Alzola y Minondo, Relaciones comerciales entre la Peninsula y las Antillas, in-8o, Madrid. 1895 ; p. 67.
  3. D. Pablo de Alzola y Minondo, Relaciones comerciales, p. 71.