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quel que fût d’ailleurs leur mérite, les peintres qui en sont comme la suite affaiblie, eussent-ils l’importance d’un Schnetz ou d’un Lehman. Mais avant que l’ordre de cette étude amène les autres personnalités qui poussèrent aux mouvemens d’art dont il me reste à suivre les manifestations plus ou moins heureuses, je vais surtout m’occuper de la marche générale de la peinture et de ses nouvelles tendances.

Comme j’ai pris la résolution de ne pas discuter les artistes vivans, les noms se feront de plus en plus rares sous ma plume. Je ne dois pas toutefois oublier Ch. Chaplin qui, avec un très agréable talent, continua le genre de l’école du XVIIIe siècle, appliqué à des sujets modernes.

Ses débuts avaient eu une tendance réaliste ; je me souviens de petits tableaux représentant des porchers pyrénéens. Il se fit ensuite remarquer par un beau portrait de sa sœur qui n’avait rien de l’afféterie du Louis XV. Aussi fut-on fort surpris lorsqu’on le vit arriver avec des trumeaux à la Boucher, qui n’étaient d’ailleurs pas sans grâce charmante. Il aimait à provoquer les éveils de la chair ; à opposer, en les faisant lutter de finesse et d’éclat, les roses vermeilles aux seins de lys des jeunes filles. Il a décoré le très élégant salon de l’Impératrice au pavillon de Flore.

En 1847, il avait déjà quitté l’atelier de Drölling dont comme moi il fut élève. Je me rappelle l’y avoir vu à de lointains intervalles. C’était un élégant jeune homme affectant un peu la tournure anglaise.

L’un des premiers, il apporta à la peinture de chevalet l’apparence des procédés de l’art décoratif. Il y gardait ses qualités de coloris et de modelé, qualités que négligèrent plusieurs de ceux qui l’ont suivi dans cette voie ; car ils ont supprimé les valeurs et se sont bornés à de simples silhouettes pâles sous prétexte de faire clair. Ceux-ci se sont contentés du ton abstrait sans le soumettre à la gamme des relations. C’est supprimer la vie. Ils aboutissent au vide.

Nous voyons, d’un autre côté, cette importante question des relations mutuelles des règnes préoccuper une grande partie de l’école française. A la suite des paysagistes de Fontainebleau, des artistes cherchent à découvrir les rapports qui, par mille effluves sympathiques, unissent la vie des choses à celle des êtres. Ils se lancent dans des tentatives visant la multiple expression des effets