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où le « tyran » n’était point ménagé. Voici quelques strophes de cette pièce de vers :


Qu’est devenu le sceptre inique,
Le sceptre, instrument de forfaits,
Sous lequel un bras despotique
Fit gémir dix ans les Français  ?
Insensé ! qui crus en esclave
Pouvoir traiter un peuple brave
Qu’on ne soumet que par l’amour !
Sous tes pieds, en vain terrassée,
La Liberté s’est redressée.
Et te foule aux pieds à son tour.

Heureux, quand le sort l’abandonne,
Le tyran qui, privé d’espoir,
Perd la vie avec la couronne.
Et meurt ainsi que son pouvoir !
Du moins l’éternelle justice
Ne lui fait pas de son supplice
Subir le plus affreux tourment :
Et ses innombrables victimes,
Du bruit de leurs cris unanimes
N’insultent que son monument.

Tu vis, despote sans courage,
Que les Français ont rejeté !
Tu vis échappé du naufrage
Où périt ton autorité.
Vois tes images abattues.
Vois le peuple sur tes statues
Poursuivre encor ton souvenir ;
De l’indignation publique,
Entends le concert véridique
Commencer pour ne plus finir.

Puisque à tout prix ton âme vaine
Voulut du bruit et du renom,
Repose-toi sur notre haine
Du soin d’éterniser ton nom.
De l’oubli bravant les ténèbres,
Les noms des criminels célèbres
Ont aussi leur éternité.
Nous maudissons encore Tibère,
Et Néron, bourreau de sa mère,
Subit son immortalité<ref> Ode 1. — La Restauration.

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