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UN NORMALIEN SOUS LA RESTAURATION

CHARLES LOYSON
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS


I

La vie de Charles Loyson ressemble à un livre dont une bonne moitié serait toute blanche. D’abord, il appartenait à une famille qui n’avait pas d’histoire, et puis il est mort à vingt-neuf ans, c’est-à-dire à un âge où, quels que soient ses dons, l’homme n’a guère eu le temps de donner toute sa mesure. Sa biographie pourrait donc tenir en quelques lignes ; mais il a laissé, malgré sa jeunesse, une œuvre si variée et si haute ; il s’était acquis de si illustres amitiés par son talent et son caractère ; sa fin prématurée lui a fait une figure si touchante, que, dans le recul du temps, à la faveur peut-être du nouveau lustre que deux de ses neveux ont jeté sur son nom, sa physionomie mélancolique a gardé son auréole de gloire.

Remarquons tout de suite que Charles Loyson n’était point né par accident, comme tant d’autres, dans le coin de terre où il vit le jour[1]. Son grand-père paternel était originaire du Maine et exploitait une métairie à Duneau, dans la Sarthe. Son père qui était bourrelier à Château-Gontier, avait épousé à Craon le

  1. Il naquit à Château-Gontier le 13 mars 1791.