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représentées à la Haye se soient, à la suite d’un premier débat, réunies dans un même vœu ; qu’elles aient introduit, d’un élan unanime, le principe limité de l’arbitrage obligatoire dans le droit des gens ; qu’elles aient donné cette leçon aux gouvernemens, et cet exemple au monde. Sans doute, un mois après, certains calculs avaient prévalu, la Conférence est revenue sur ses pas. Mais où est l’avenir ? De quel côté l’humanité se rangera-t-elle ? La réponse n’est pas douteuse.

Il y a deux camps, deux partis. D’un côté, l’on applique à ce problème international la maxime célèbre : « La force prime le droit. » De l’autre on répond : « Soyons les plus justes, puisque nous sommes les plus forts. » C’est bien ainsi que la question est posée. On répète, non sans raison, que le droit est le rempart du faible. Mais, quand c’est le plus puissant empereur du monde qui trouve dans sa force même une raison de protéger le droit contre les abus de la force, la cause du droit est gagnée d’avance. Je disais au mois d’octobre dernier dans cette Revue même : « Si les puissances ne parviennent pas à rédiger le code du désarmement, elles en pourraient écrire la préface. » Eh bien ! la préface est faite, et le livre s’achèvera.


ARTHUR DESJARDINS.