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davantage. Les Pyrénées, qui offrent des conditions merveilleuses à cet égard, n’en possèdent pas une seule qui soit habitable. Les glaciers y sont reculés plus haut que dans les Alpes ; les vents y sont moins violens et moins persistans ; la saison s’y prolonge beaucoup plus tard. Ces admirables ressources naturelles restent inexploitées.

La France ne possède que huit stations d’été qui soient installées de façon à peu près suffisante. C’est d’abord en Dauphiné les stations du Pelvoux dont l’organisation est assez primitive : Monetier à 1 495 mètres, Lagrave à 1 526 mètres et le Lautaret, qui est une haute station, à 2 070 mètres. En Savoie, on trouve les Corbières (700 mètres), Salève (1 171 mètres) qui sont des stations basses ; Pralognan (1 424 mètres), les Voisins (1 456 mètres), le Revard (1 545 mètres), véritables stations d’altitude ; Chamonix (1 050 mètres), et le Montanvert, qui est une haute station (1 921 mètres). La Suisse possède plus de soixante villages ou établissemens climatériques groupés autour du Mont-Blanc, dans le pays de Vaud, dans le Valais, auprès du mont Rose, dans les Alpes bernoises, autour du Rigi, dans les Grisons et dans l’Engadine. Les installations sont en général confortables et quelquefois parfaites.

Il y a en Autriche, dans les montagnes de la Carniole, une station célèbre, le sanatorium de Rikli où s’applique la cure de lumière qui est une variété de la cure d’altitude. Ce système, d’une hardiesse un peu excentrique, consiste dans l’exposition du corps absolument nu à la lumière du jour et aux intempéries : il jouit en Allemagne et en Autriche d’une réputation aussi étendue que le système de Kneipp. Il produit un état d’endurance extraordinaire, on lui attribue des succès merveilleux dans le traitement des neurasthéniques. M. Lagrange, qui nous a fait connaître cette forme du traitement naturel, y voit, en effet, une combinaison des plus puissans modificateurs du système nerveux et de la nutrition, le bain de lumière et de soleil, le bain d’air, sans compter la douche froide des jours de pluie.

Les procédés ordinaires de la cure d’altitude sont plus simples. Il s’agit de vivre conformément aux principes d’une sage hygiène dans l’air léger, sec et pur de la haute montagne. Ce régime a son indication précise dans un certain nombre d’états maladifs. Il convient dans la chlorose et l’anémie des adolescens, dans l’anémie palustre, dans les convalescences traînantes, dans la plupart des dyspepsies, dans la congestion du foie. C’est un des traitemens qui réussissent le mieux contre la neurasthénie. Les stations d’hiver conviennent aux tuberculeux qui sont au début de l’affection. On sait, ou l’on admet aujourd’hui que la cure d’altitude doit son efficacité à l’enrichissement du