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froid de 10 degrés à Leysin, à Davos, à Arosa, couverts de fourrures, sont stupéfaits de voir les gens qui se promènent au soleil, vêtus de pardessus légers, coiffés de chapeau de paille, munis d’ombrelles blanches. Le thermomètre dit que l’air est froid ; le sol formé de neige sèche est froid aussi. L’air n’est pas échauffé par le soleil parce qu’il est diathermane, il absorbe peu les rayons solaires : la température du sol ne s’élève point parce que la neige réfléchit ces mêmes rayons. Mais le corps de l’homme qui repose sur ce sol, et, plonge dans cet air, absorbe les vibrations calorifiques et s’échauffe. Il se comporte comme le morceau de bois posé sur la neige et qu’on voit s’y enfoncer parce qu’il s’échauffe au point de la fondre. La nuit même, on peut, sans risques, faire des promenades au clair de lune ; à la vérité, l’on ne s’échauffe plus alors au soleil ; mais, grâce à la sécheresse de l’air, on n’est pas non plus refroidi par l’humidité. L’air sec, qui n’a qu’une faible capacité spécifique, nous prend peu de chaleur. Au contraire, en plaine, dans l’air humide, l’eau qui imprègne nos vêtemens et dont la capacité calorifique est très élevée nous en prend beaucoup. On sait bien que c’est le froid humide qui nous pénètre et nous glace.

Le printemps et l’automne sont les mauvaises saisons. Le printemps arrive d’un coup ; la terre, dépouillée de son manteau, s’échauffe brusquement ; la végétation part ; en quelques jours les prairies sont parsemées de fleurs. À ces éclaircies succèdent les mauvais temps, les brouillards et les pluies glacées : les conditions sont les mêmes qu’en plaine, dans les mêmes circonstances : elles sont encore aggravées. Il faut fuir ou consentir à vivre en réclusion sans les bénéfices du plein air.

Les écueils de la cure en montagne sont l’humidité et le vent. Il faut qu’une station d’altitude soit abritée de plusieurs côtés des vents habituels et particulièrement du vent du nord par quelque condition naturelle, par l’écran d’une paroi rocheuse ou d’une forêt de sapins. C’est le cas de la plupart des villages climatériques. M. Regnard dit plaisamment qu’une station idéale doit se trouver à l’abri du vent, du brouillard, du froid, du chaud, être gaie, reposante, bien installée, saine et peu coûteuse. Une telle station n’existe pas. Mais il y en a qui en approchent plus ou moins, et M. Regnard est un bon guide pour nous y conduire. Il les passe en revue, nous indique les époques du séjour, les conditions de convenance qui les recommandent ou les excluent. En définitive il n’y a guère plus de quatre ou cinq stations climatériques pour l’hiver : Leysin, Davos, Arosa, Wiesen et Andermatt. Les stations d’été sont très nombreuses : elles pourraient l’être