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sont construits par le gouvernement de Pétersbourg, trois groupes de chemins de fer ont seuls jusqu’à présent leur capital souscrit : celui des lignes anglaises de Mandchourie, 57 millions et demi de francs, l’a été en février dernier ; celui du chemin franco-belge de Pékin à Hankéou, 112 millions et demi, en avril ; et un premier emprunt de 67 millions a été émis à Berlin en juin pour le réseau allemand du Chantoung. Ni l’une ni les autres de ces émissions n’ont provoqué un très grand enthousiasme, et telles d’entre elles, projetées depuis longtemps, avaient été remises plusieurs fois pour attendre une époque plus favorable. Cependant, ces 237 millions d’emprunts sont souscrits aujourd’hui. Il faut encore trouver 300 à 400 millions pour les lignes de Tientsin à Tchingkiang, Shanghaï à Nankin et Ningpo, Hankéou à Canton, Canton à Hong-Kong. Le chemin de fer russe de Ching-ting à Taï-yuen-fou sera probablement construit avec de l’argent plus ou moins officiel, mais encore faut-il que la Russie l’emprunte ; la ligne française du Yunnan jouira, d’après la loi relative aux chemins de fer de l’Indo-Chine, de la garantie du gouvernement français. Ces diverses sommes vont être demandées au public anglais, allemand, américain et, pour une plus faible part, français et belge, d’ici à quelques mois, selon toute probabilité. On parviendra sans doute à se les procurer ; mais il ne serait pas prudent de chercher à en obtenir beaucoup plus avant que l’expérience ait permis de juger ce que rapporte l’argent placé en travaux publics en Chine.

Outre les concessions de chemins de fer, il a été donné par le gouvernement de Pékin plusieurs concessions de mines. La plus considérable, la mieux définie et celle dont les termes paraissent le plus favorable aux Européens qui l’ont obtenue est celle qui a été octroyée il y a déjà deux ans à un syndicat anglo-italien en apparence, à peu près anglais en réalité, dit Peking Syndicate. Malgré le nom pris par ce groupement, les mines qu’il doit exploiter ne sont pas situées dans le voisinage de la capitale : ce sont les immenses gisemens de houille et d’anthracite du Chansi et du Honan, aux abords du moyen Fleuve Jaune. Les concessionnaires ont tout pouvoir pour acquérir et exploiter les terrains miniers et pour construire des chemins de fer les reliant aux voies navigables et aux lignes déjà existantes. La richesse et l’étendue des gisemens permettent de penser que cette entreprise deviendra un jour très profitable, une fois qu’on aura