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moins 600 kilomètres de Yunnan-Sen à Souï-fou, point terminus de la navigation des grandes jonques, et ce dans les conditions les plus difficiles, s’élevant jusqu’à 3 000 mètres pour redescendre à 500, à travers un pays sans habitans. Au rapport des membres de la mission lyonnaise, comme de tous les voyageurs qui ont parcouru cette région, un pareil chemin de fer apparaît, sinon comme impraticable, du moins comme exorbitamment coûteux à établir et à exploiter, à cause des pentes continuelles et très fortes qui rendraient impossible d’y faire circuler des trains lourdement chargés. D’ailleurs les marchandises venues du Setchouen par cette voie auraient au moins 1 500 kilomètres de voie ferrée à parcourir avant d’atteindre la mer à Haïphong, tandis que, du cœur même des districts les plus riches de la province, on pourrait, par une ligne de 800 à 1 000 kilomètres, bien moins difficile et traversant une région peuplée, gagner ce grand port d’Hankéou dont l’avenir est si brillant et où commence la navigation maritime. La pénétration économique au Setchouen par le Tonkin et le Yunnan n’est vraiment qu’un rêve irréalisable ; une voie ferrée reliant cette province à Hankéou semble un projet beaucoup moins vain.

On propose aussi de pousser jusqu’à ce même Hankéou le chemin concédé de Shanghaï à Nankin, d’établir une ligne de Canton à Shanghaï par le Kiangsi, avec embranchemens vers Foutchéou, Amoy ou d’autres ports du Fokien, province dont les vallées sont fertiles quoique étroites, mais dont la population est particulièrement misérable, parce qu’elle est trop nombreuse, et atteint en moyenne une densité de 230 habitans au kilomètre carré sur un territoire en grande partie montagneux. On a émis également l’idée de prolonger notre petite ligne de Langson à Longtchéou vers le Yang-tze-Kiang moyen, un millier de kilomètres, dont la première moitié traverserait les mauvais pays du Kouang-si, mais la seconde de riches vallées du Hounan.

Des projets plus grandioses encore mettent en avant la réunion de Pékin au réseau sibérien, par la route la plus directe, celle que suivent actuellement les thés de caravane dirigés sur Kiakhta et Irkoutsk, ou encore la construction d’une ligne immense et désertique partant du bassin du Fleuve Jaune pour relier au centre de l’empire le Turkestan chinois. Si la Chine pouvait avoir la prétention de recouvrer, dans un avenir un peu prochain, quelque force militaire, un pareil chemin pourrait être d’une certaine utilité