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capitale de l’empire, peuplée d’un million d’habitans, ne tardera probablement pas à être exécuté. Il a déjà provoqué des difficultés, au mois de mai et de juin, entre la Banque russo-chinoise et le syndicat anglais dit Peking Syndicate, qui a obtenu en 1898 la concession du magnifique bassin minier du Chansi et du Hounan, avec le droit de construire tous les chemins de fer nécessaires pour relier les mines aux rivières navigables et aux grandes voies ferrées. Au mois de juin dernier, ce syndicat a fait notifier par le ministre britannique au Tsong-li-Yamen son intention de construire la ligne de Taï-yuen-fou à Pou-tchéou-fou sur le Fleuve Jaune, longue de 450 à 500 kilomètres, ce qui l’amènerait plus qu’à mi-chemin de Taï-yuen-fou à Singan-fou.

La vallée même du Yang-tze, qui forme le centre et peut-être la portion la plus riche du Céleste Empire, celle en tout cas où l’activité des Européens s’est le plus exercée jusqu’à présent, est si bien desservie par de magnifiques voies fluviales que le besoin de chemins de fer s’y faisait moins sentir. Cependant la British Chinese Corporation a obtenu la concession de deux lignes partant de Shanghaï, dont l’une se dirige vers le nord-ouest sur Sou-tcheou, Tching-Kiang et Nankin, et l’autre vers le sud-ouest sur Hang-tcheou pour revenir le long de la côte sur Ning-po ; toutes ces villes sont des ports ouverts et des centres importans de plusieurs centaines de mille habitans, quoique Nankin et Sou-tcheou, autrefois les plus peuplées, aient été terriblement dévastées, au milieu du siècle, par l’insurrection des Taïpings. En dehors du Kiang-sou, où se trouve la majeure partie de ce réseau d’environ 700 kilomètres, ses extrémités desservent des parties très peuplées du Tchekiang (11 millions d’habitans, 120 par kilomètre carré). Cette région, très fertile, est particulièrement riche en soie et en coton, cultures dont l’établissement d’une grande industrie manufacturière à Shanghaï ne peut qu’amener l’extension. Quoiqu’il ne s’y trouve pas en perspective de mines à exploiter, ce seront peut-être là les plus profitables de tous les chemins de fer chinois, au moins durant les premières années de l’exploitation. Les travaux n’en sont pas encore commencés, mais ils semblent devoir être d’une exécution rapide, facile et assez peu coûteuse.

Dans la Chine méridionale, il a été concédé jusqu’à présent beaucoup moins de chemins de fer que dans le nord : le pays y est bien plus accidenté ; un massif montagneux, dont les altitudes