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n’imagine pas combien de découvertes, de théories, d’hypothèses, depuis vingt ans, ont eu pour point de départ ce musée de Berlin qui, pour la valeur artistique de ses collections, est peut-être le plus pauvre des grands musées d’Allemagne.

Et ce mouvement n’eût pas été possible sans l’institution officielle de l’Annuaire des Collections royales. Non que les revues d’art manquent en Allemagne : nul autre pays n’en publie un aussi grand nombre. Mais ces revues ne sauraient se limiter à l’étude de l’art ancien, ni surtout s’accommoder de la forme, forcément un peu sèche, de pareils travaux sur des tableaux de musées. Seul V Annuaire garantit à ses collaborateurs la possibilité de poursuivre leurs recherches à leur convenance, sans se soucier de l’élégance du style, ni de l’agrément de l’illustration.

De quelle utilité serait, en France, une publication du même genre ! Comme elle compléterait avantageusement ces comptes rendus annuels des Sociétés des Beaux-Arts des Départemens qui, désordonnés, touffus, dénués d’unité et dénués de critique à un degré extraordinaire, n’en sont pas moins une source inestimable d’information historique ! Il y a par exemple au Louvre plus de trente mille dessins qui, depuis plus d’un siècle, dorment dans des cartons : à combien de précieuses études ils pourraient donner lieu ! A combien d’études précieuses pourraient donner lieu les centaines de tableaux de maîtres anciens que le hasard d’un legs, ou encore un caprice de Napoléon ont fait échouer dans d’obscurs recoins de nos musées de province ! Et je ne puis me défendre d’un sentiment de regret en constatant que, tant dans l’Annuaire de Berlin que dans les Gallerie nazionali de Rome, les auteurs citent à chaque page, comme les chefs-d’œuvre des maîtres dont ils s’occupent, des œuvres que possède le musée du Louvre et que personne ne s’avise d’y aller étudier. C’est au Louvre, notamment, qu’est l’œuvre principale du Milanais Beltraffio, à qui M. G. Carotti consacre un long article dans le quatrième volume des Gallerie nazionali : quelle admirable occasion ce tableau fournirait à un conservateur du Louvre pour comparer la manière de Beltraffio avec celle de Léonard, et pour chercher si une œuvre toute voisine, la Belle Féronnière, ne rappellerait pas plutôt la manière de l’élève que celle du maître !


Mais revenons au recueil italien, et en particulier à l’étude de M. Malamani sur la Rosalba. Publiée, nous dit le titre, « pour l’inauguration des nouvelles salles de portraits d’artistes au Musée des Offices, » cette étude a été écrite surtout à l’aide d’une foule de documens