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primitive des deux généraux, Dumouriez ayant exigé, à son arrivée au ministère, qu’on introduisît dans cette combinaison originelle d’importantes modifications, notamment l’invasion par l’armée du Centre du pays de Liège. Ce fut naturellement en tenant compte de ces dispositions nouvelles que Rochambeau fit rédiger par de Grave les instructions qu’il était supposé recevoir du Conseil du Roi. Aux termes de ce mémorandum, l’affaire importante et urgente pour l’armée du Nord était de rassembler ses troupes en trois « camps d’instruction, » c’est-à-dire de les appeler des différentes garnisons où elles étaient pour le moment éparpillées, et de les concentrer en trois masses d’où elles pourraient « au premier signal, prendre l’attitude de guerre, si la politique étrangère nous forçait à le faire. » L’emplacement de ces camps était fixé à Dunkerque, à Maubeuge, à Valenciennes, et les troupes devaient y être réunies du 1er au 10 mai. On devait grouper trois ou quatre mille hommes à Dunkerque, quatre à cinq mille à Maubeuge, dix-huit mille aux environs de Valenciennes. « Si nous étions forcés de faire la guerre, continuait l’instruction, le camp de Maubeuge et celui de Valenciennes se réuniraient pour s’emparer de Mons et seraient au moins portés à vingt-cinq mille hommes. C’est de Mons que ce corps d’armée marcherait sur Bruxelles... Ces opérations devraient se faire de concert avec celles de l’armée du Centre (Lafayette) qui serait la première à se mettre en mouvement... Dans la supposition de guerre qui doit être celle qui dirige essentiellement toutes les opérations actuelles, les troupes du camp de Dun (Lafayette) marcheraient sur Givet où elles prendraient une position passagère pour se porter avec rapidité sur Namur et de Namur sur Liège. C’est à l’époque de leur marche sur Namur que l’armée du Nord (Rochambeau) se portera sur Mons et de là sur Bruxelles, si il armée du Centre (Lafayette) réussit à s’emparer de Namur et qu’une grande insurrection facilite la marche sur Bruxelles... »

Ce qu’il faut surtout remarquer dans ces instructions du 15 avril, si l’on veut en discerner l’idée originale et maîtresse, c’est la dernière phrase que nous venons d’en citer et que nous avons soulignée, la disposition qui subordonnait l’offensive de l’armée du Nord entièrement à celle de l’armée du Centre. Conformément à ces prescriptions, l’armée du Nord ne devait se porter en avant que du 1er au 10 mai, elle devait attendre que Lafayette se fût emparé de Namur, elle devait attendre en outre