Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE CHEMIN DE FER
TRANSSAHARIEN

La France s’est taillé en Afrique un colossal empire ; définitivement délimité par les conventions internationales de 1890, 1898 et 1899, il s’étend, dans sa plus grande longueur, d’un peu plus haut que le 37e degré nord jusqu’au 5e degré sud, et, dans sa plus grande largeur, du 20e degré de longitude est de Paris au 20e degré ouest ; ainsi, quarante-deux degrés du nord au sud, quarante degrés de l’orient à l’occident ; plus de 4 600 kilomètres dans un sens, et près de 4 000 dans l’autre, telles sont les dimensions de nos colossales dépendances africaines. Sans doute, nous prenons ici les mesures extrêmes, et il s’en faut que dans toutes ses parties notre domaine africain y atteigne ; mais, tout en ne formant pas une figure géométrique régulière, il est tout au moins continu ; les divers morceaux se tiennent sur la carte les uns aux autres ; il ne dépend que de nous qu’ils forment un tout. Sans doute encore, les diverses régions de cette immensité de territoire n’ont qu’une valeur agricole très inégale ; quant à leur valeur économique, qui comprend, comme facteur important, la valeur minérale, personne n’est actuellement capable d’en juger, les territoires les plus arides et les plus ingrats à la surface, comme le désert d’Atacama au Chili, les hauts plateaux désolés de l’Afrique du Sud, les anciens fonds de mer de l’Australie et de l’Asie Centrale, ayant tout à coup révélé à l’homme des richesses de cette nature, soit tout à fait de premier ordre, soit tout au moins très appréciables, et notre Sud algérien et tunisien venant, à l’improviste, avec ses bancs indéfinis