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peut jamais être certifiée par les haras, c’est de l’ancêtre mâle que doit venir la dose minimum de globules « garantis impurs, » nécessaire pour être titré de « demi-sang. » Mais les clauses restrictives, apportées de ce côté par les règlemens en vigueur, n’empêchent pas le demi-sang le moins contestable, fils de père et mère de même catégorie, de n’avoir, en remontant à la 5e génération, que 12 ascendans de tiges mêlées, contre 50 de pure souche.

Aussi est-ce sur le maintien des courses au trot que compte la Société du demi-sang, pour décourager l’introduction des chevaux trop apparentés au Stud-Book. Ces derniers trottent mal ; le galop est leur allure naturelle. Comme c’est aussi l’allure de la passion — je veux dire la seule qui passionne le spectateur, la seule qui fasse des recettes et occasionne des paris ; — pour se procurer les 1600 000 francs, distribués sur ses hippodromes de Vincennes et de Neuilly-Levallois, la Société de Trot doit sacrifier la moitié de cette somme aux courses de galop et même d’obstacles, qui lui permettent de subventionner les autres épreuves.

Pour celles-ci elle répugne formellement à admettre le galop ; les prix y sont remportés par des trotteurs qui couvrent, comme la jument Plume-au-Vent, une distance de 4 600 mètres sur le pied de 1min, 38 le kilomètre. Les ennemis des courses au trot prétendent que les gagnans sont des animaux faits en trois parties, comme des discours classiques, détraqués par ces allures bizarres, trop longs dans leur rein et marchant « en canards, » très inférieurs, disent-ils, aux bêtes de selle d’un galop coulant et aisé, mieux conformées quoique moins rapides.

A quoi les partisans du trotteur, et parmi eux l’administration des haras, répondent qu’au galop, le cheval le plus près du sang battra inévitablement tous les autres ; que, par suite, la vitesse, rapportant seule de l’argent, sera seule recherchée, tandis que les autres qualités ne seront l’objet d’aucune attention ; et, alors que les détracteurs du trot recommandent surtout le « modèle », ce sera le « modèle » qui sera justement sacrifié. Ils ajoutent que, dans ces conditions, on arrivera fatalement à développer une production d’animaux, qui, étant tout aussi légers que ceux de race pure, n’en auront pas les qualités ; et cela, sans aucune utilité pour les haras, qui ne pourront en prendre qu’un petit nombre, sans avantage pour la remonte, qui ne pourra acheter ceux qui auront été tarés par l’entrainement et sans bénéfice pour l’éleveur,