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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

LES COURSES. — PROPRIETAIRES ET PARIEURS[1]


I

Je n’étonnerai personne en disant que le pur amour des chevaux n’est pas le seul mobile qui détermine quelques-uns de nos contemporains à faire courir. Ce n’est pas non plus le désir du gain qui les y pousse, car chacun sait que l’on ne s’y enrichit point. Sauf deux ou trois exemples d’hommes exceptionnellement entendus et appliqués, favorisés en outre à leurs débuts par d’heureuses chances, les petits propriétaires perdent assez régulièrement leur argent et les gros alignent avec peine leur budget ; encore est-ce à condition de ne pas faire trop largement les choses. Mais, pour la plupart, l’écurie de courses est un luxe et, pour plusieurs, une situation sociale. Notre passion naturelle de paraître et de nous grandir dans l’opinion demeure la même on tous les siècles bien qu’elle change de forme. Tel, qui eût acheté, sous Louis XV, une charge de Cour ou un régiment, acquiert maintenant, par une voie semblable, un journal politique ou une circonscription électorale. Tel, pour obtenir un état dans le monde, se fût payé une présidence au Parlement, un « office » notable en quelque compagnie souveraine, qui arrive de nos jours à un

  1. Voyez, dans la Revue du 1er août. Les courses. — Chevaux et jockeys.