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d’elles une série d’entreprises de transports, de distribution de lumière et de force, non seulement dans leur pays, mais dans le reste du monde.

Ce mouvement a gagné d’abord la Belgique, qui, presque en même temps que l’Allemagne, s’est jetée avec fougue dans des créations industrielles multiples. Mais, comme, sur son petit territoire, le plus peuplé du monde par rapport à sa superficie totale, il restait peu de chose à faire, en dehors du développement des industries déjà créées, c’est à des entreprises étrangères et coloniales que les Belges ont appliqué, avec le succès que nous avons rappelé, leur intelligence et leurs capitaux. L’Angleterre n’a jamais cessé de mettre des ressources financières au service des entreprises les plus diverses, sur son propre territoire et dans toutes les parties du globe. La France, enfin, a suivi à son tour le mouvement dont les autres lui avaient donné l’exemple ; et elle applique son génie laborieux, son esprit d’ordre et de suite, à mettre en valeur les richesses de territoires qui sollicitent ses capitaux, ses ingénieurs, ses administrateurs.

Les entreprises nouvelles et la hausse des matières premières exigent des capitaux de plus en plus considérables. Si on réfléchit, par exemple, que la production annuelle du cuivre, qui dépasse 400 000 tonnes, représentait, en 1898, au cours d’environ 1 250 fr. la tonne, une somme de 500 millions de francs, et que la production de 1899, en la supposant de 500 000 tonnes, représente, au cours de 2 000 francs, dont nous sommes voisins, un milliard ; si l’on essaie d’évaluer les milliards de différence que font pour le fer, la houille, les divers métaux, les écarts entre les prix à quelques mois d’intervalle ; que, d’autre part, on additionne les capitaux des sociétés qui se fondent, sans tenir compte de celles qui ne font qu’amalgamer des entreprises préexistantes, mais en se bornant à supputer l’argent nouveau demandé au public ; et l’on restera confondu de l’énormité des chiffres. Ces variations ne doivent d’ailleurs pas étonner nos lecteurs, à qui, dès le 13 septembre 1897, nous signalions[1] un des phénomènes les plus frappans des derniers temps : la hausse violente du blé déterminée par une seule mauvaise récolte. Nous démontrions alors que les lois qui gouvernent les mouvemens des prix sont presque entièrement indépendantes de la quantité des métaux précieux en

  1. La hausse du blé et la baisse de l’argent.