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financière considérable : les dépôts des institutions affiliées à la chambre de compensation de New-York approchaient, en février 1899, de 4 600 millions de francs, alors que, jusqu’en juillet 1897, ils n’avaient jamais été de plus de 3 milliards. Les dépôts aux banques d’épargne de l’Etat de New-York atteignent 4 800 millions. Les recettes des chemins de fer, en 1898, ont dépassé d’environ 450 millions de francs celles de l’année précédente. Il n’est pas nécessaire d’en dire davantage pour faire comprendre quel rôle un pays d’une semblable puissance économique est destiné à jouer. Nous ne sommes pas de ceux qui s’en effrayent : la population des Etats-Unis et ses besoins doivent croître en raison même de cette richesse : le territoire actuel de la Confédération pourrait aisément recevoir et nourrir cinq ou six fois autant d’habitans qu’elle en compte à cette heure. Sur bien des points nous pouvons lutter avec succès, et nous n’avons en tout cas qu’à nous inspirer de son exemple pour nous efforcer de l’égaler.


II

Cette expansion industrielle ne pouvait pas ne pas exercer une influence profonde sur les marchés financiers du monde. Des entreprises de la taille de celles qui sont nécessaires pour exploiter les mines, les charbonnages, les usines d’aujourd’hui exigent des capitaux de plus en plus considérables. Le marché de ceux-ci devait ressentir le contre-coup de cette transformation : il l’a éprouvée en effet. Pendant un intervalle assez long, nous avons assisté à une baisse du loyer des capitaux, ou, en d’autres termes, de l’intérêt de l’argent, qui avait fait croire à certains économistes que cette tendance était destinée à s’accentuer sans relâche ; elle n’était, au contraire, que l’effet d’une inaction industrielle, qui avait succédé elle-même à la période de création de chemins de fer et d’expansion, arrêtée vers 1873, lors des crises subies par les marchés allemands et américains. En vertu de la loi des oscillations, qui se vérifie dans le domaine économique comme dans celui des sciences naturelles, les constructions de lignes nouvelles et les autres entreprises subirent alors un temps d’arrêt ; aux environs de 1880, une fièvre d’activité s’était de nouveau emparée des grandes places commerçantes ; ce fut la France qui paya ensuite le plus large tribut à la réaction, conséquence inévitable des entraîne mens de l’esprit de spéculation.