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à la manière dont il les fit, il ne faut pas manquer de s’en servir. De M. de Bismarck, en effet, de sa vie et de son œuvre, on peut le dire hardiment : celui-ci, à coup sûr, fut un grand « machiavéliste. » Qui donc appelait Talleyrand : « le Prince, » en songeant justement à l’Autre, au Prince que Machiavel a peint ou enfanté, dans la cité italienne du XVIe siècle, pour tous les temps et tous les lieux de l’humanité ? Bien mieux qu’à Talleyrand, l’absolu machiavélique de ce titre convient à M. de Bismarck. Le Prince, c’est lui, et ces traits sont les siens.

Il prend le monde tel qu’il est et les hommes pour ce qu’ils sont ; il ne s’enquiert pas de ce qui devrait se faire, mais de ce qui se fait ; parmi tant de rivaux qui ne sont pas bons, il a appris à pouvoir n’être pas bon. Il sait que, la misère de notre nature ne permettant à personne d’avoir toutes les qualités, l’homme d’Etat doit s’arranger pour n’avoir que des vices qui ne puissent lui faire perdre l’État. Il est lent à croire et à se mouvoir, ne s’effraye pas d’un rien, n’a pas peur de son ombre, ne pousse pas la confiance jusqu’à être imprudent, ni la défiance jusqu’à se rendre

    thèque. Citons les collections de Horst Kohl : Bismarck-Regesten, Bismarck-Briefe, Bismarck-Jahrbuch, Bismarck-Reden : de Poschinger : Bismarck-Portefeuille, Preussen im Bundestag (dont la traduction française est déjà indiquée plus haut), Bismarck als Volkswirlh, Fürst Bismarck und die Parlamentarier, Fürst Bismarck und der Bundesrath, Neue Tischreden Bismarcks ; de Hahn : Fürst Bismarck, sein politisches Leben und Wirken, etc. L’édition complète des discours de Bismarck, par Bœhm et Dove, Fürst Bismarck als Redner, comprend jusqu’ici vingt volumes ; outre l’abrégé de Ilorst Kohl, Bismarck-Reden, Bielefeld et Leipzig, 1899, il en existe un autre : Fürst Bismarcks gesammelte Reden, Berlin, 1894, 3 vol. reliés en un tome, Cronbach. À consulter encore les Denkwürdigkeiten aus dem Leben des Grafen von Roon, et la grande histoire de Sybel : Die Begründung des deutschen Reichs durch Wilhelm I.

    Les biographies, portraits, études, sont innombrables. À mentionner : G. Hesekiel, Das Buch vom Grafen Bismarck (Cf. Bruno Bauer : Zur Orientirung über die Bismarck’sche Æra, Chemnitz, 1880, in-8o) ; Freiherr von Loë : Fürst Bismarck, Bàle, pet. in-8o, Bernheim ; Ch. Andler, le Prince de Bismarck, 1899, in-16, Bellais ; William Jacks : The Life of prince Bismarck, Glascow, 1899, in-8o, Maclehose ; les esquisses si fines et si ingénieuses de M. Victor Cherbuliez, dans la Revue, et dans Profils étrangers, 1889, in-16, Hachette ; le livre, abondant en vues originales, de M. Guglielmo Ferrero, l’Europa giovane, au chapitre Bismarckismo e Socialismo. Sur les dernières années de la vie de Bismarck, on a la compilation de M. Penzler : Fürst Bismarck seit seiner Entlassung, Leipzig, sept vol. in-S ». La mort du chancelier a donné lieu à la publication d’une quantité d’articles et de brochures : parmi ces dernières, signalons, à cause surtout de la provenance : Kaiser und Kanzler, von einem « deutschen Œsterreicher », Vienne, 1898, Szelinski.

    Enfin, pour ne négliger aucun genre, n’oublions pas l’iconographie ; par exemple, de M. John Grand-Carteret : Bismarck en caricatures, 1890, in-16, Perrin ; ni le poème héroï-comique illustré : Rudolph Genée : die Bismarckiade für’s deutsche Volk, Berlin, 1891, in-8o, Hofmann ; etc., etc.