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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet.


Le gouvernement parlementaire, partout où il existe sur le continent européen, traverse une crise plus ou moins grave suivant les endroits, mais généralement inquiétante. Après l’Autriche-Hongrie et l’Italie, le mal atteignait hier la Belgique, et il s’y manifestait par un des accès les plus violens que l’on ait encore constatés. Nous n’y avons pas tout à fait échappé, et il s’en faut de beaucoup que la situation ait chez nous un caractère normal et sain ; mais peut-être pouvons-nous dire de nous ce qu’un psychologue disait de lui-même en faisant son examen de conscience : « Je suis très sévère quand je me juge, et plus indulgent quand je me compare. » Cette indulgence toute relative est d’ailleurs la seule à laquelle nous ayons droit. Notre parlement vient, en effet, de se séparer, après une année de session qui, au point de vue du rendement législatif et politique, doit être tout juste estimée à zéro. Jamais encore on n’avait vu aussi radicale impuissance. La Chambre de 189S n’a même pas inventé un budget, et c’est pourtant en matière budgétaire qu’elle avait fait espérer et même promis les plus merveilleuses innovations. Nous l’aurions excusée si, nouvelle venue, elle avait expédié à la hâte le budget de 1899, afin de prendre tout le temps d’étudier celui de 1900 ; mais, loin de là ! elle est restée onze mois appesantie sur le budget de 1899 ; elle ne l’a voté qu’avec cinq douzièmes provisoires : elle y a longuement travaillé ; elle s’y est péniblement épuisée ; le tout en pure perte, car ce budget ressemble absolument à ceux qui l’ont précédé, — et il n’en sera pas autrement de celui de 1900. Nous connaissons déjà celui-ci. La Chambre, en votant les quatre contributions à la vieille mode, s’est interdit la possibilité d’y introduire la plus