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d’histoire de l’art ; le maître serait ainsi plus sûr de pouvoir compter jusqu’au bout sur l’assiduité de ses auditeurs. Pour que ceux-ci n’oubliassent point, pendant l’été, ce qu’ils auraient appris l’hiver, on pourrait garder, pour ce moment, quelques-unes des promenades promises. C’est alors surtout qu’elles seraient une distraction et un repos. Elles détendraient des esprits que harasse la préoccupation du diplôme ; elles dégourdiraient des membres qui s’énervent de ces longues stations que la discipline du lycée, quelque tempérament que l’on y apporte, continuera toujours d’imposer à ces corps d’adolescens, tout frémissans de vie, auxquels répugne l’immobilité.

Par cette réduction de la durée du cours, la difficulté serait atténuée ; elle ne serait pas supprimée. Comment s’y prendrait-on, pendant les six premiers mois de l’année, pour ajouter encore quelque chose aux matières sur lesquelles porte déjà l’enseignement ? Voici ce que nous entrevoyons, ce qui, nous semble-t-il, deviendrait possible à partir du moment où l’accord se serait fait sur le principe. Il y aurait, dès lors, dans l’administration et chez tous les membres du corps enseignant, une bonne volonté, un désir d’aboutir qui faciliteraient singulièrement les choses. C’est, avons-nous dit, aux professeurs d’histoire que serait confié, le plus souvent, le soin d’introduire nos élèves dans ce monde de l’art qui leur a été fermé jusqu’à présent. Or, ces professeurs ne pourraient-ils s’arranger pour glisser plus rapidement, dans leur enseignement principal, sur les faits d’importance secondaire, qui ne se laissent retenir que par un effort de mémoire ? Ce n’est pas sans chagrin que je songe, après tant d’années, à toute la peine que j’ai prise jadis, dans ma vie d’écolier docile et laborieux, pour me mettre dans la tête, avec leurs fréquentes variations, les limites des domaines que les fils de Clovis se sont taillés, après la mort de ce prince, dans la vaste étendue du royaume paternel. Je ne regrette pas moins tout le temps que j’ai passé sur les seigneuries et les évêchés de l’Allemagne du grand Interrègne et celui que m’ont coûté les campagnes de Frédéric II et de Napoléon, avec les dates et les noms de combats que j’ai appris par cœur. J’en suis à me demander si ce n’a pas été là du temps perdu. N’aurait-on pas pu, sans nous retenir sur toutes ces minuties, nous expliquer quelle idée les chefs mérovingiens se faisaient des droits du souverain, nous montrer jusqu’où le morcellement avait été poussé dans le Saint-Empire germanique, et