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l’Université de Paris. Il y aura pourtant, avec quelque bonne volonté, moyen de s’arranger. Partout, la salle de dessin possède quelques plâtres, plus ou moins nombreux. Ce sera au maître de faire des emprunts à son collègue : telle ou telle tête de travail attique ou florentin pourra être apportée sur la table du cours. S’agit-il, au contraire, du Thésée ou de l’Apollon du Belvédère, de quelque lourde figure qui ne se prête pas au déplacement, on fera comme ce prophète qui, ne pouvant décider la montagne à venir à lui, allait à la montagne : élèves et maîtres se transporteraient dans le cabinet où se gardent les modèles.

Que si ce cabinet se trouvait être trop pauvre, pourquoi toute la bande d’écoliers, professeur en tête, n’irait-elle pas frapper à la porte du musée de la ville ? Celui-ci possède, d’ordinaire, une certaine quantité de moulages. Ces moulages n’ont pas toujours été choisis avec beaucoup de discernement ; mais il est rare que l’on ne rencontre pas parmi eux les statues et les bas-reliefs accrédités comme les représentans officiels des principaux modes de l’art. Il n’en faudra pas davantage au maître pour faire saisir des différences de facture qu’il serait moins aisé de percevoir sur l’image que la lanterne envoie à l’écran ; dans cette image, par l’effet de l’agrandissement qu’elle subit, le modelé est toujours un peu flou, comme on dit en style d’atelier.


Au musée, après les plâtres, on regardera aussi les tableaux ; on y apprendra ce qu’est la couleur, combien elle varie d’une école à l’autre, en quoi celle d’un peintre vénitien diffère de celle d’un peintre florentin ou d’un peintre flamand. Il y a bien peu de musées où l’on ne puisse trouver quelques toiles qui se prêtent à ces explications. Ce sera là, devant les œuvres d’art, que le maître donnera ses meilleures leçons. Ces visites rendues aux monumens ne devraient point avoir un caractère exceptionnel et accidentel ; l’autorité ministérielle les recommanderait et en marquerait la place dans le plan d’études. Chaque mois, une ou deux après-midi seraient réservées à ces promenades. Prenons, par exemple, les élèves des lycées de Paris. Ceux qui suivraient le cours d’histoire de l’art iraient, avec leur maître, plusieurs fois au Louvre ; ils verraient les musées du Luxembourg et du Trocadéro, le cabinet des estampes et le cabinet des médailles à la Bibliothèque nationale, l’école des Beaux-Arts, ses collections et cette charmante Cour du mûrier qui leur donnerait un avant-goût de l’Italie ; ils verraient aussi des édifices tels que Notre-Dame et