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concours dont il pourrait attendre quelque effet utile, et à se plier, sans raideur, aux conditions variables des milieux où il se développerait. La question est de savoir dans quelle mesure nos règlemens et les habitudes prises se prêteraient au jeu de ces arrangemens multiples et de cette perpétuelle improvisation. Pour que notre rêve se réalisât, il faudrait que les chefs de nos lycées fussent moins asservis qu’ils ne le sont aujourd’hui au pouvoir central, qu’ils eussent part au choix de leur personnel, qu’ils fussent libres de modifier, suivant les circonstances, le régime intérieur de la maison et l’ordre des études qui s’y font.

Il y a, de ce côté, des embarras à prévoir. Toutes ces entraves administratives seront une gêne pour les chefs qui seraient le plus disposés à faire réussir un enseignement où tout serait à créer en même temps : le personnel et le matériel. Le personnel, on le trouvera, pourvu que l’on porte dans cette recherche quelque largeur d’esprit et quelque suite. Il existe, dans les rangs du corps enseignant et en dehors de lui, comme à l’état latent ; le tout est de le dégager, de le rassembler, et de le mettre en action. Quant au matériel, malgré les quelques essais qui ont été tentés avec des ressources insuffisantes, autant dire qu’il est à former de toutes pièces. Il semble donc qu’il y ait là une grosse difficulté ; mais ce n’est qu’une de ces difficultés d’argent que suffit à résoudre le vote d’un crédit. Avec quelques centaines de mille francs, on pourrait constituer partout un premier fonds ; ensuite, une faible dotation annuelle, attribuée à chaque établissement, permettrait de tenir la collection au courant, de l’accroître par degrés. Avec quelques soins, les frais d’entretien seraient à peu près nuls, et ces soins seraient d’autant plus attentifs que le maître aurait disposé avec plus d’indépendance de l’allocation afférente au cours dont il serait chargé. Là, comme ailleurs, laissez faire la liberté ; s’il y a des lacunes dans les collections qu’elle aura ainsi ordonnées, elles se combleront avec le temps, par le seul effet des changemens de maître.

Notre pensée n’est pourtant pas que l’État doive se désintéresser de l’emploi des crédits qu’il aura affectés à cet usage ; mais il ne devra intervenir que de façon très discrète. Son rôle sera de fournir h, qui les réclamera des indications qu’il n’est pas toujours aisé de se procurer dans une petite ville de province ; ce sera aussi d’encourager les éditeurs, éditeurs de livres et éditeurs d’estampes, de les provoquer à prendre leurs dispositions pour