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manifeste l’appendicite ? Ce sont précisément les signes généraux de ces infections que nous avons mentionnés tout à l’heure. A ceux-ci s’ajoute un trait en quelque sorte signalétique qui précise le point de départ de l’infection ; c’est la douleur limitée au flanc droit. Après un ou deux jours de malaise, cette douleur apparaît dans la fosse iliaque droite ; elle naît dans un point très précis, le point de Mac Barney, qui répond à la place de l’organe atteint, l’appendice ; de là, elle s’irradie bientôt au flanc tout entier, aux organes voisins, à la jambe, quelquefois engourdie et gênée dans ses mouvemens.

Si la forme doit rester légère, les symptômes généraux se réduisent au minimum : la langue est sèche, le pouls fréquent, la température un peu fébrile, il y a des vomissemens. C’est le tableau d’une grippe légère. La confusion a souvent été faite. Mais s’il y a perforation, on voit éclater brusquement les symptômes foudroyans de la péritonite d’emblée, ou les troubles grandissans de la péritonite progressive.

Tout ce qui a été dit jusqu’ici ne se rapporte qu’à une forme de la maladie, à l’appendicite par corps étranger ou appendicite calculeuse. Ce n’est pas la seule, c’est à peine la plus fréquente. Dans près de la moitié des cas, dans un tiers au moins, il n’existe point de corps étrangers dans la cavité de l’appendice. Ce n’est plus le vase clos qui opère. La raison de l’exaltation de virulence du coli-bacille, de sa pénétration à travers les parois, de sa diffusion vers le péritoine, n’est plus la simple exaspération résultant de son internement, comme le veut M. Dieulafoy. C’est quelque autre cause — et il n’en manque pas qui soient capables d’agir, — depuis la simple indigestion, jusqu’aux dyspepsies et aux affections gastro-intestinales si fréquentes à notre époque.


VI

La question qui a le plus divisé les médecins et les chirurgiens, dans ces mémorables et interminables discussions, est celle du traitement. Faut-il ou ne faut-il pas opérer ? C’est celle aussi que le malade se pose avec le plus d’angoisse : faut-il se résigner à l’opération ?

Ce grave problème ne comporte pas de solution unique. Il faut distinguer les cas. Il y a des points sur lesquels les médecins, qui représentent les tendances pacifiques, et les chirurgiens, qui se plaisent aux interventions armées, sont pourtant tombés d’accord. Il y en a d’autres à propos desquels le désaccord subsiste.

En fait d’appendicites, les chirurgiens, comme le disent fort bien