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une chute sur le flanc, des jeux violens, des exercices de gymnastique, une marche forcée, la danse, le saut ; et voilà le corps introduit. De fait, les médecins ont souvent observé, chez les enfans, des attaques d’appendicite survenant après les exercices physiques.

Tout cela est très logiquement déduit ; et il n’en a pas fallu davantage pour convaincre une partie du public médical.

En réalité, la doctrine est par trop simpliste. M. Talamon lui avait donné une forme plus savante. À ces corps étrangers qui stationnent dans le cæcum, attendant une occasion, c’est une contraction ou une pression qui la fournit. Que la pression puisse avoir cet effet, c’est possible et même vraisemblable ; il suffit d’un faible effort pour repousser la membrane valvulaire de Gerlach, qui sépare le cæcum de l’appendice. Mais il ne semble pas qu’il en soit de même de la contraction ; on doit admettre que l’appendice se contracte synergiquement avec le cæcum et l’intestin et se vide du même coup.

D’ailleurs, ces corps étrangers que l’on a trouvés dans l’appendice ne viennent pas tous du dehors : ce ne sont pas toujours des objets ou des parcelles qui ont été avalés par mégarde et véhiculés le long de l’intestin et qu’une attention soigneuse aurait pu écarter. Une fois sur deux (cent six fois sur cent soixante et onze, d’après les relevés), ce sont des concrétions formées dans l’intestin lui-même, des scybales ou des calculs. M. Talamon croit que ce sont des amas de matière intestinale moulés et façonnés dans le cæcum. De son côté, M. Dieulafoy veut que ce soient de véritables calculs appendiculaires, qui n’ont pas eu la peine de s’introduire dans l’appendice, puisqu’ils y seraient nés sur place, et y auraient grandi par apposition de couches successives, comme les calculs qui se constituent dans le foie ou dans le rein. Il peut se former, en effet, dans toute partie de l’intestin des concrétions de ce genre, sous des conditions qu’on physiologiste allemand bien connu, L. Hermann, a autrefois précisées et réalisées expérimentalement.

En résumé, il peut exister dans l’appendice une enclave, corps étranger, scybale ou calcul, venu du dehors ou formé sur place. Mais ce n’est pas encore suffisant pour créer l’état inflammatoire.


IV

L’inflammation de l’appendice est une infection microbienne. Dans les conditions normales, l’appendice, comme d’ailleurs le reste du tube digestif, contient une flore microbienne très riche. On y trouve, à