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Le public veut savoir non pas tout ce qu’ont enseigné au monde médical tant de savantes discussions, mais ce qui lui importe particulièrement. Et d’abord les risques que court chacun d’être atteint, et les circonstances qui l’y exposent. Il plaît aux vieillards d’apprendre qu’ils en sont à peu près indemnes. C’est une maladie de l’âge mûr, mais surtout de la jeunesse. C’est entre dix et vingt ans qu’elle est le plus fréquente. Le régime alimentaire y prédispose lorsqu’il est trop abondant, trop épicé et indigeste ; et, comme ces excès de régime sont plus communs en Angleterre, en Amérique, et en Allemagne, c’est aussi dans ces pays qu’on observe le plus grand nombre des cas d’appendicite, comme aussi on y trouve en général le plus d’exemples d’irritation intestinale.

L’appendice iléo-cæcal est, en effet, une dépendance du tube digestif. Bichat en faisait un « petit intestin accessoire. » Il est situé au point d’union de l’intestin grêle et du gros intestin. On sait, sans être très riche de connaissances anatomiques, qu’il existe en ce point une disposition qui n’est pas des plus heureuses ; il s’en faut que l’on y puisse admirer l’ingéniosité de la nature. Le gros intestin, au lieu de continuer bout à bout l’intestin grêle, s’y branche à angle droit à quelque distance de son extrémité. Il y a là un changement de direction qui est bien propre à créer des embarras dans la circulation des matières. Cet inconvénient est aggravé par l’existence de l’espèce de cul-de-sac, ou cæcum, qui subsiste au-dessous du point d’abouchement des deux conduits. Pour comble d’imprévoyance, au fond de cette impasse vient s’implanter une sorte d’étroit canal qui la prolonge ; c’est l’appendice iléo-cæcal ou vermiforme. L’Anatomie et surtout la Pathologie distinguent bien ces deux organes, dont le second ne semble que la continuation du premier. La Physiologie établit entre eux une différence assez profonde : le cæcum est un réservoir pour les matières qui parcourent l’intestin : l’appendice leur est fermé ; elles n’y doivent point pénétrer. C’est dans cette région de choix que se trouvent réunies toutes les conditions les plus favorables à l’obstruction des voies digestives et à la stagnation des matières. De là des causes permanentes d’irritation, d’inflammation, et de lésions graves qui peuvent s’étendre au péritoine.


I

Le péril vient-il de l’inflammation de l’appendice ou de celle du cæcum, de l’appendicite ou de la typhlite ? C’est la première question à