Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’ailleurs pas plus au régime républicain qu’à un autre ; et tout ce qu’ils demandent, ou tout ce qu’ils désirent, c’est qu’après les avoir, depuis cent ans, trop amusés du mot, on leur donne enfin, sous quelque étiquette que ce soit, les « réalités » de la liberté.

La substitution des « examens de carrière » à celui du baccalauréat ou du « certificat d’études » aurait à nos yeux cet autre et sensible avantage que la liberté de l’enseignement s’en trouverait pleinement assurée. En un certain sens, le baccalauréat ne sert qu’à contrarier le développement de l’enseignement libre, en lui imposant des programmes d’État. « À l’heure actuelle, dit M. Pozzi, l’État ignore absolument ce qui se passe dans les établissemens libres. L’inspection s’y réduit, en réalité, à une inspection de police ; c’est la condition même de leur liberté. » Mais il faut dire quelque chose de plus : c’est la condition de la liberté. L’État ne sait pas non plus ce qui se passe dans mon usine, ou dans mes magasins ; et c’est précisément ce qu’on appelle être libre. Or, les plaintes que l’on fait du baccalauréat, et qu’on ferait également des « certificats d’études, » examens de capacité, et examens d’État, on ne les fera pas des « examens de carrière. » On trouvera tout naturel, encore une fois, que l’administration des Postes ou celle des Ponts et Chaussées exigent de ceux qui veulent en faire partie des connaissances déterminées par elles. Ce ne sera plus la « concurrence » qui imposera ses programmes à la « concurrence ; » et, sans doute, le problème, qui est complexe, ne sera pas résolu, mais on aura ôté une grande cause de division, d’hostilité même entre les parties ; — et ce sera cela de gagné.

Reviendrons-nous, à ce propos, sur ce que nous avons ici même tant de fois demandé ? Nous sommes convaincu que cette réforme si simple, et cependant si profonde, s’opérerait le plus promptement et le plus aisément du monde si nous avions un autre Conseil supérieur de l’Instruction publique. Les questions d’enseignement, à tous les degrés, sont devenues des questions sociales, et il n’est pas admissible qu’elles soient traitées par une assemblée dont la tendance irrésistible est de n’y voir que des questions pédagogiques. C’est ce que M. Combes, quoique « radical, » avait jadis parfaitement compris, et c’est ce qui semble avoir échappé à M. Rambaud, « progressiste, » mais universitaire. Et nous aussi, nous sommes universitaire ! Mais nous le sommes