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traitement, de 600 à 1 000 dollars par an. Le latin, un cours développé de littérature anglaise, les littératures étrangères, le français, l’allemand, occupent une large place dans les diverses branches de cet enseignement qui comprend encore des répétitions de meetings et des conférences sur les questions du jour mises à la portée des jeunes auditoires par des amateurs de bonne volonté.

Le corps ne cède rien de ses droits à l’esprit, et huit professeurs de « progrès physique » témoignent de l’importance attachée à la culture de la dynamique individuelle.

Quant à l’enseignement manuel, il est représenté, pour les garçons, par la menuiserie et le travail des métaux ; pour les filles, par la couture et la cuisine. Une soixantaine de spécialistes sont chargés de ces diverses leçons qui ne vont pas sans frais. C’est ainsi que les ateliers d’apprentissage réclament pour leurs débours, en fournitures d’outils et de matériel, en réparations, etc., une somme de 3 800 dollars (20 000 francs). C’est ainsi encore que Miss Jacobs, directrice des laboratoires culinaires, présente, dans le Rapport de 1896, son bill de fin d’année, qui s’élève au chiffre respectable de 847 dollars. C’est-à-dire que 4 000 à 5 000 francs sont consacrés, bon an mal an, à propager, parmi les futures ménagères du District, les doctes préceptes de Brillat-Savarin. Mais les arts supérieurs sont loin d’être oubliés dans ces programmes qui font encore leur part à neuf maîtres de musique et à douze professeurs de modelage et de dessin.

Comment ne pas reconnaître dans une aussi large conception de la pédagogie un nouveau témoignage de cette préoccupation constante du home qui obsède le cerveau de l’Anglo-Saxon ? Une table servie avec goût, un piano gaiement ouvert, des albums invitant le crayon, le foyer pourvu du bien-être et de l’attrait nécessaires pour le rendre réparateur et désirable au travailleur fatigué, telle doit être l’ambition permise aux plus modestes demeures. C’est vers la préparation de cette réalité, aussi bien que des autres, dont elle est en quelque sorte le but et la récompense, que convergent toutes les méthodes mises en œuvre dans ce remarquable système qui est bien, pour l’Amérique, comme on l’a dit, l’identité de l’éducation et de la vie.[1].

  1. Outre ces établissemens officiels, où la gratuité est de règle, nous citerons encore quatre universités et cinq collèges dont les cours payans sont suivis par plusieurs centaines d’étudians des deux sexes. Beaucoup de ceux-ci sont employés pendant le jour et fréquentent, le soir, les conférences qui rentrent dans le plan d’études qu’ils se sont tracé.