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d’établir notre souveraineté sur le Ouadaï, le Baghirmi, c’est-à-dire qu’il est indispensable qu’elle se rapproche le plus possible de ces contrées encore insoumises et formant, avec nos postes de l’Oubanghi, l’extrême est de notre domaine de l’Afrique centrale. Ainsi, les environs du Tchad, un point qui ne saurait être plus éloigné à l’ouest que Sinder et qui devra peut-être se trouver plus rapproché du grand lac africain, voilà le point d’aboutissement nécessaire du Transsaharien. Il ne s’agit nullement, à l’heure actuelle, d’aller à Tombouctou, qui sera relié à la côte par la voie du Niger, du chemin de fer de Kayes et du Sénégal ; l’écoulement des marchandises de la région de Tombouctou a plus de chances de se faire par la route de l’ouest que par celle du nord. Il n’en résulte pas qu’ultérieurement on ne puisse détacher du tronc transsaharien une voie secondaire aboutissant au Niger, soit à Tombouctou, soit à Bouroum ; mais cela ne presse aucunement ; ce n’est pas l’œuvre essentielle. Au triple point de vue politique, stratégique et commercial, le Transsaharien, du moins le grand tronc, le seul dont il peut être question en ce moment, doit avoir une direction différente. Il doit s’enfoncer en quelque sorte par une ligne droite de la Méditerranée vers la région du Tchad, entre Sinder et ce lac. Voilà le point d’aboutissement très nettement tracé.

Quant au point de départ sur la Méditerranée, il est également facile à trouver. Au point de vue stratégique, le Trernssaharien doit partir d’un des points situés à peu près au centre de notre Algérie-Tunisie, de manière à n’être pas menacé par la puissance inconnue qui, un jour, pourrait posséder soit le Maroc, soit la Tripolitaine. Au point de vue commercial, il faut que le Transsaharien mette le Soudan à la moindre distance possible de Marseille et de Paris : il doit réaliser la formule : le Soudan central à cinq jours ou cinq jours et demi de Paris, à six jours de Londres et de Bruxelles. Il faut, par conséquent, que le Transsaharien aboutisse à Philippeville et à Alger, les points les plus rapprochés de Marseille. Cela est indispensable, notamment si l’on veut que le Transsaharien ait un grand trafic de voyageurs. Oran est beaucoup trop éloigné de Marseille, de Gênes et de Trieste. Oran est bien trop en face de l’Espagne et trop près de Gibraltar, de même que Tunis est trop près de la Sicile et de Malte et se trouve trop à découvert.

Ainsi, le voisinage du Tchad pour point d’arrivée, Philippeville