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et dont le nombre aussi s’accroîtrait, comme on l’a vu plus haut par les réflexions du capitaine Pein sur le pays des Touareg ; tous les produits manufacturés à destination de populations très nombreuses ; dans le sens du sud au nord, les dattes, l’ivoire du Tchad, les peaux d’animaux, l’indigo, l’étain, qui est abondant, les gommes, les dépouilles autres que les peaux d’animaux divers, cornes de rhinocéros et de bœufs, laines, poils, le coton, dont la zone de culture, d’après Barth, est très étendue, le café, les plus précieux parmi les bois exotiques. A peine quelques embryons de ce trafic existent-ils à l’heure actuelle, parce qu’il en coûterait 800 francs à 1 000 francs au moins par tonne pour les effectuer à chameau ; le Transsaharien pourra appliquer des tarifs gradués sur la valeur des marchandises, s’élevant par exemple à 15 ou 20 centimes le kilomètre, ce qui mettrait le trajet du Soudan à la Méditerranée à 450 ou 600 francs la tonne, pour les marchandises d’une grande valeur comme l’ivoire, la poudre d’or et peut-être les plumes d’autruche, mais s’abaissant à 2 centimes ou 2 centimes et demi pour les marchandises de peu de prix. Aux États-Unis, on descend jusqu’à 9 dixièmes de centime pour le charbon. La Compagnie des Phosphates de Gafsa, quoiqu’il ne doive guère y avoir de trafic que dans un sens, pense qu’elle ne dépensera pas 2 centimes par kilomètre.

Il n’est guère de marchandises communes, même le blé, même les métaux, même les minerais un peu riches, qui ne puissent supporter, quand les prix sont relativement bas au lieu de production, un tarif de 2 centimes par kilomètre sur 3 000 kilomètres, soit de 60 francs. Le blé vaut en France en moyenne, dans ces dernières années, 200 à 220 francs la tonne ; la laine, même dans les bas cours, vaut 1 000 francs la tonne ; le coton, 700 francs ; le cuivre, près de 2 000 francs ; le plomb, 350 francs ; le zinc, plus de 600 francs ; l’étain vaut encore davantage ; même les minerais non travaillés, mais ayant une assez bonne teneur, pourraient supporter un tarif aussi modique. Il est très peu de marchandises communes qui ne vaillent pas aujourd’hui 250 à 300 francs la tonne, et qui, par conséquent, étant produites à bon compte au Soudan, soit du fait de l’excellence du sol et du bas prix de la main-d’œuvre, soit par l’abondance de gisemens miniers, ne puissent franchir, dans les conditions que nous venons de dire, les 3 000 kilomètres du Transsaharien et de ses prolongemens en Algérie.