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La netteté du récit du général Della Rocca ne permet aucun doute. Il ne place pas à trois heures et demie, — comme je l’ai dit par suite d’une confusion dont il est inutile que je raconte la cause, — la dernière offensive piémontaise contre San-Martino ; il la place à l’heure véritable, cinq heures et demie.

La réclamation de Mme la comtesse Della Rocca contre ma note est donc justifiée. Je vous prie de l’accueillir en ajoutant que j’y adhère.

Vous me communiquez en même temps une autre lettre du général Treüille de Beaulieu relative au canon rayé qui a eu une part si considérable à nos succès d’Italie.

L’honorable général dit :

« Il est exact que le canon de 4 rayé a été dénommé officiellement système La Hitte, et que cet officier général, par son habileté supérieure et sa persévérance incessante, a pris une part considérable aux études dont ce nouvel engin a été l’objet et assuré son succès définitif ; mais l’officier auquel sont dues les recherches préliminaires relatives à cette pièce et sa construction est le lieutenant-colonel Treüille de Beaulieu, directeur de l’atelier de précision, devenu depuis général de division.

« Après avoir reçu de l’Empereur l’ordre de chercher seul et sans se préoccuper des commissions la solution de l’artillerie rayée de campagne, le général de La Hitte demanda au lieutenant-colonel Treüille, préparé de longue main par ses travaux antérieurs, d’entreprendre l’étude de cette question. Treüille se mit immédiatement à l’œuvre, et le nouveau système fut adopté le 6 mars 1858. Le ministre prescrivit la construction de 60 batteries qui furent terminées le 20 septembre suivant. Tous ces canons furent rayés à l’atelier de précision, sous la direction personnelle de Treüille de Beaulieu ; on y exécuta également tous les profils, gabarits, instrumens de réception et de vérification. » (Extrait d’un article du général Thoumas, inséré dans le journal le Temps du 1er novembre 1892.)

« Le général de Montluisant, qui fut à cette époque, avec le grade de chef d’escadrons, l’adjoint de Treüille de Beaulieu, rappelle, dans une notice biographique sur son ancien chef, l’entrain avec lequel fut exécuté ce travail. « Aujourd’hui, après plus de trente ans, nous ne nous rappelons pas sans émotion l’élan, le brio avec lequel tout le personnel de l’atelier s’attelait au travail. On était fier du chef et des progrès réalisés. Le matin du 25 décembre 1858, l’Empereur se rendit à l’atelier de précision. Napoléon III, qui ne s’était pas fait annoncer, voulut voir les 414 nouvelles pièces de campagne rayées, toutes finies