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L’existence et le développement épidémique de maladies tirant leur origine du sol, — telles le typhus, le choléra, la dysenterie, — loin d’être en contradiction avec cette idée, plaident au contraire en sa faveur ; elles démontrent l’insuffisance accidentelle d’un mécanisme assainissant habituellement suffisant. La pollution, la sursaturation du sol par les immondices, atteint à un tel degré que la puissance assainissante du sol ne suffit plus à y mettre ordre ; et c’est ainsi qu’apparaissent les conditions favorables au développement et à la multiplication des germes morbides.

Certains micro-organismes pathogènes, il est vrai, peuvent vivre dans le sol et même y multiplier, mais beaucoup d’autres, et d’entre les plus dangereux, trouvent dans ce milieu les conditions les plus propres à leur destruction. D’autre part, les microorganismes jouent un rôle essentiel dans l’épuration naturelle du sol en tant qu’ils participent au phénomène dit de nitrification de l’azote organique. Toutefois ils ne peuvent remplir ce rôle que dans de certaines conditions ; et il faut, par exemple, que le sol ne soit pas saturé de substances en voie de décomposition. Leur destruction par nitrification s’opère alors dans la mesure où sont réalisées les circonstances favorables à leur oxydation.

Une expérience en fournit la démonstration : si, dans un tube de verre rempli de terre mélangée de sable, l’on verse de petites quantités du liquide excrété par le rein, même après qu’il a subi la putréfaction, on voit sortir, filtrer et découler de l’appareil, au bout d’un certain temps, un liquide transparent, presque incolore, entièrement inodore, ne renfermant que des traces de substances organiques et d’ammoniaque, mais en revanche riche en combinaisons nitreuses et nitriques. C’est là une expérience d’épandage en petit. Mais si l’on fait passer à travers le tube une solution organique trop concentrée, ou si, par l’addition de chloroforme, on supprime l’activité des fermens organisés, la transformation de l’azote organique en azote nitreux ou nitrique n’a pas lieu. Le produit ultime de la décomposition qui se poursuit alors dans le sol est l’ammoniaque (Schlœsing et Müntz, Soyka).

D’autres expériences encore sont propres à rendre manifeste le rôle assainissant du sol :

Frankland faisait filtrer journellement à travers une couche de terrain mesurant 1 mètre carré de superficie et 1 mètre de profondeur une quantité de 25 à 33 litres d’eau prise dans les égouts de