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solaire direct influe défavorablement sur la qualité des semences et conduit à l’extinction de la race.

L’homme aussi, en l’absence de lumière, ne vit pas, mais végète : par un clair jour de soleil ses mouvemens sont plus vifs, il se sent plus dispos et plus allègre, tandis qu’un ciel brumeux le déprime en ralentissant toutes ses fonctions.

Le soleil n’agit pas seulement sur l’homme même, mais encore sur le milieu où l’homme vit. Outre les influences liées à sa bienfaisante action directe, le soleil est un facteur d’assainissement des milieux qui nous entourent : l’air, l’eau et le sol.

Il a été démontré par de nombreuses observations que la lumière solaire est douée d’une action antiseptique puissante. Elle peut être comptée au nombre des moyens les plus sûrs et les plus économiques dans la lutte contre les micro-organismes. Downes et Blunt en 1877, Tyndall dans la suite, ont fait voir que la lumière du jour diffuse ralentit le développement des bactéries et leur sporulation, et que la lumière solaire directe les tue. L’action la plus énergique appartient aux rayons bleus et violets ; la plus faible, aux rayons rouges et orangés.

Arloing a trouvé, en 1885, qu’une exposition de deux heures à la lumière solaire suffit pour tuer la bactéridie charbonneuse. La même observation a été faite par Koch sur les bacilles de la tuberculose, par Fermi et Celli pour les bâtonnets du tétanos, par Geissler, Minck et Büchner, Dieudonné, Charrin, Gaillard, Janowsky, Kitasato, Nocard et Strauss, Roux, Yersin et d’autres sur les bactéries du typhus, du choléra et d’autres micro-organismes pathogènes. Enfin la commission de savans allemands envoyée à Bombay a reconnu que les bacilles de la peste succombent au bout d’une heure sous l’action de la lumière solaire.

Un fait très intéressant aussi, c’est que les milieux liquides renfermant des substances organiques azotées complexes deviennent, sous l’action de la lumière, impropres à la vie des bactéries ; en d’autres termes, ces milieux acquièrent des propriétés antiseptiques.

Les modifications de ce genre sont d’autant plus caractéristiques et plus persistantes que l’action de la lumière a été plus prolongée. Il faut ajouter qu’elles dépendent aussi de l’oxygène de l’air. Toutes ces données établissent suffisamment la puissance de l’action assainissante de la lumière solaire.