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En second lieu, les découvertes de Pasteur, de Lister, de R. Koch, de Metchnikoff et des microbiologistes ont déterminé une véritable révolution dans nos idées sur la genèse des maladies et sur leur nature, et ont ouvert ainsi de nouvelles voies à la science de la prévention et du traitement des maux de l’humanité. Le monde des in uniment petits, le monde des micro-organismes pathogènes s’est révélé à notre vue, et de larges horizons se sont ouverts pour la science de la thérapeutique et celle bien autrement importante de la prophylaxie.

Enfin, la connaissance de l’atmosphère, de la lumière, de l’eau, du sol, dans leur rapport avec la vie et le bien-être de l’homme est entrée dans une ère nouvelle.

Chaque jour les principes de l’hygiène pénètrent davantage dans la conscience des peuples civilisés. On en peut citer pour preuve les mouvemens publics en faveur des mesures sanitaires. Les progrès de la médecine contemporaine se résument, en définitive, dans l’hygiène ; et cela est vrai non seulement au point de vue des exigences prophylactiques, mais encore au chevet du malade.

Les conditions spéciales dont les malades sont entourés dans le traitement chirurgical ou dans la pratique obstétricale constituent la garantie du succès et sont une vivante démonstration du rôle de l’hygiène préventive. D’autre part, les méthodes actuelles du traitement de la tuberculose, par exemple, confirment également le rôle de l’hygiène comme facteur curatif. Notre temps ne s’est pas seulement signalé par la découverte de nombreux spécifiques d’efficacité certaine (antipyrétiques, analgésiques, sérums antimicrobiens) ; il a fait aussi une large place aux méthodes curatives hygiéniques et diététiques. Sans doute l’arsenal pharmaceutique s’est enrichi de moyens précieux ; mais, somme toute, la thérapeutique des médicamens, loin de prendre de l’extension, a perdu beaucoup de terrain. On a abandonné la plupart des médicamens anciens. En revanche, la sphère d’action des méthodes physiques de traitement s’est largement agrandie. De cette manière, la médecine grossièrement empirique ou allopathique, en réaction de laquelle le XVIIIe siècle a vu naître la naïve doctrine des homéopathes, est entrée dans son déclin ; elle cède la place à une thérapeutique nouvelle, armée de toutes les connaissances modernes et forte du soutien de sa puissante alliée, l’hygiène.