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L’enduit n’atteignait pas le sommet de la chambre. Il restait, entre la partie qui était revêtue de stuc et les grandes pierres qui recouvraient le caveau, un espace libre de 19 centimètres, occupé jadis par une corniche de bois et par un plafond de même matière qui avaient disparu. L’empreinte encore visible de leurs fibres et même des lambeaux de bois demeurés attachés à la pierre ne peuvent laisser aucun doute à ce sujet. Un filet rouge, tracé au cordeau, à o centimètres de l’arête des pierres et qui a dû servir à placer de niveau les pièces de la corniche et du plafond, prouve avec quel soin ce tombeau avait été exécuté jusque dans les moindres détails. Et, dans le silence de cette chambre funéraire, au milieu du mobilier ordinaire de ces sépultures, les squelettes de deux Carthaginois, le mari et la femme, gardant encore des restes des bijoux dont ils avaient été revêtus.

Le mobilier funéraire varie beaucoup d’une tombe à l’autre ; mais toutes, à peu de chose près, offrent certains menus objets qui devaient en former la partie obligatoire et rituelle : près de la tête ou dans une petite niche creusée dans la paroi, deux petites fioles, toujours les mêmes ; une lampe encore noircie de fumée, qui a dû brûler auprès du mort après la fermeture du tombeau ; puis souvent, à ses côtés, une cassolette qu’il devait tenir à la main et qui a roulé à terre dans l’écroulement des os.

Le mort lui-même n’est pas déposé dans une niche latérale, comme dans certaines autres nécropoles, mais sur le sol même de la tombe, au milieu de tous les objets dont la piété des siens l’avait entouré. Pas de cercueil. Il était descendu dans le puits au moyen de cordes, sur une planche qui lui servait de lit funèbre. Des anneaux rivés en queue d’aronde et de grands clous de cuivre attestent encore la façon dont ces pièces de bois étaient ajustées.

Parfois il paraît avoir été recouvert de deux planches qui formaient toit au-dessus du corps. Dans les sépultures plus récentes, de grandes amphores pointues et des coffrets en pierre contiennent des os calcinés ou des cendres ; souvent même, squelettes et urnes cinéraires se rencontrent dans la même tombe : c’est l’incinération qui peu à peu se substitue à l’usage plus ancien de l’inhumation.

À côté de la partie fixe du mobilier funéraire, on trouve, appuyés contre la paroi ou déposés sur le sol, des vases de formes et de dimensions très différentes : tantôt unis, tantôt décorés de torsades et de lignes circulaires rouges ou noires ; vases de terre