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les ambitieux, les agités, tous ceux qu’une paix un peu prolongée réduisait à la maigre pitance de leur gentilhommière ; brochant sur le tout, le parti protestant épars dans le pays, et les partisans de la Reine-Mère, les âmes sensibles, les femmes, ceux et celles qui trouvaient attendrissant le spectacle de la mère séparée du fils par l’ambition de quelques favoris gorgés de places et de richesses ; enfin, au-dessus de ces agens de désordre, des hommes sérieux, des politiques réfléchis, déplorant l’état de choses où l’on vivait, se demandant où on allait, ce qu’on faisait au dedans et en dehors, et cherchant un terme à tout ce vulgaire maquignonnage de places, d’honneur et d’argent, tous ces élémens réunis paraissaient constituer une force réelle et pouvaient se croire autorisés de leur nombre, de leur groupement, et même de quelques bonnes raisons.

Rien donc d’étonnant à ce que les esprits fussent en éveil, autour de Marie de Médicis, et que l’évêque de Luçon, toujours en peine de son cardinalat, plus que jamais impatient du pouvoir, en délibérât longuement avec lui-même, la main à la barbiche, en faisant les cent pas dans les corridors du logis Barrault.


G. HANOTAUX.