la terre, dont les couleurs se sont endormies. Si les toits sombres, si la lueur orange clignotant dans l’ombre, si l’espace qu’on devine peuplé, çà et là, de corps livrés au sommeil évoquent les vers du poète :
Nox erat, et placidum carpebant fessa soporem
Corpora per terras…
en même temps les violets, les verts, les rouges inaccoutumés
de toutes ces choses qu’on a vues si diverses, si heurtées, si incompatibles, sous le cru soleil de la journée, attirent par leur réconciliation dans le silence, dans l’ombre et la paix. Mais le débat
des valeurs s’élève alors, tandis qu’a cessé l’antagonisme des
couleurs. Pendant toute la nuit, l’ombre, dans tous les coins, va
disputer le terrain à la lumière, tandis que le vol mou et silencieux de la chauve-souris, l’oiseau des clair-obscuristes remplace
le vol sifflant de l’oiseau des plein-airistes : l’hirondelle. Et les
deux tableaux de M. Jules Breton auraient pu prendre pour
titre les noms de ces deux petits êtres ailés, amis et locataires de
l’homme, messagers l’un du printemps, l’autre du sommeil.
Quand, autour de ces deux toiles, on évoque et l’on rassemble les principales œuvres du peintre paysan : Le Chant de l’alouette, les Communiantes, le Dernier rayon, les Sarcleuses, toutes ces chaudes visions dorées d’une douce France rurale qui disparaît, l’originalité de l’artiste qui nous les donna se dresse, défiant le temps. Dans ses tableaux on ne voit pas le paysage de tout le monde, mais son paysage de Courrières, une campagne qui n’est qu’à lui. Son art possède :
Its own dear brook,
Its own small pasture, almost its own sky.
En lui, le peintre de figures n’a pas fait plus de tort au paysagiste
que le poète n’a fait de tort au peintre. Il a toujours mis le paysan
convenable dans le paysage qui lui convenait : the right man in the right place. Et l’on doit espérer que son œuvre durera par le
côté vrai de la vie rurale qu’elle a exprimé.
Il y en a d’autres. Il y a celui qu’a exprimé M. Lhermitte, dont jamais on n’a dit que ce fût un poète, mais dont on peut dire que c’est l’artiste qui a le mieux compris, à la fin de notre siècle, le paysan français. On trouve quatre tableaux de lui à la salle VI du Salon de la Société nationale, quand on