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mille fois plus lentes que celles qui impressionnent la rétine; au lieu de se compter par quatrillions à la seconde, elles se comptent seulement par milliards. Cette identité de l’électricité et de la lumière, affirmée au nom de la théorie par Maxwell, a été démontrée expérimentalement par H. Hertz, et précisément par l’étude des ondes électriques.

Ce n’est pas le moment d’examiner ces hautes questions de théorie. Il faudra y revenir à loisir. Actuellement, il s’agit de pratique : il faut dire comment on obtient les ondes électriques. En principe, c’est en déterminant la formation d’une série d’étincelles électriques. Ce qu’on appelle l’étincelle électrique, cette décharge si brusque qu’elle nous semble le type de l’instantané et qui paraît unique, n’est en réalité ni instantanée ni unique. C’est une série de décharges successives qui précipitent l’une sur l’autre les électricités contraires : une série d’ébranlemens opposés, alternatifs, d’étincelles élémentaires, peut-on dire, dont nous n’apercevons que la somme ou la synthèse. H. Hertz en a aperçu la complexité : il l’a résolue en ses élémens.

Une étincelle qui éclate entre deux boules chargées d’électricités contraires constitue donc une série d’ébranlemens, oscillations ou vibrations électriques, dont l’ampleur va en diminuant, mais dont la durée reste constante. Elles sont isochrones et amorties. Leur durée, qui les caractérise, dépend des circonstances du phénomène, des dimensions de l’appareil. — Deux appareils disposés de manière à donner le même nombre d’oscillations dans le même temps seront à l’unisson. On emprunte encore le langage de l’acoustique, propre aux vibrations sonores, pour exprimer que deux appareils de décharge électrique donnent, par étincelle, un nombre identique d’oscillations : on dit qu’ils sont en résonance électrique, qu’ils sont syntoniques.

Le générateur des ondes électriques dans le télégraphe sans fil est l’oscillateur de Righi, mis en rapport avec une bobine de Ruhmkorff. L’appareil est d’une simplicité extrême : deux boules de cuivre de 1 centimètre de diamètre sont placées en regard et très près l’une de l’autre. Elles sont plongées dans un récipient rempli d’huile de vaseline. Chacune d’elles est reliée par un fil à un bouton extérieur.

Les deux boutons extérieurs sont mis respectivement en face de deux autres qui ne sont autre chose que les pôles de la bobine d’induction. À chaque interruption du courant primaire, un courant secondaire se développe dans le circuit d’induction : une étincelle éclate sur chaque bouton extérieur ; les boules de l’oscillateur sont chargées par cela même d’électricités contraires; elles se déchargent l’une sur l’autre