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en s’astreignant à ne donner que des coups de pinceau de direction transversale, perpendiculaires à l’axe du tube.

La seconde étape, le rayonnement, commence au moment où l’ébranlement électrique, qui constitue l’onde, est lancé dans l’espace par l’extrémité de l’antenne. Là encore la vitesse de propagation est la même ; c’est la vitesse du courant électrique, c’est la vitesse du flux de conduction précédent ; c’est la vitesse de la lumière : 300 000 kilomètres à la seconde. Mais si la vitesse est la même dans tous les modes et dans toutes les directions, il n’en est pas de même pour l’énergie de la vibration. L’ébranlement ne se propage pas de manière égale dans tous les sens, en ondes sphériques concentriques, à la façon de la lumière ordinaire ou du son. Il y a un plan de propagation optima, c’est le plan perpendiculaire à la direction de l’antenne. Dans toutes les autres directions l’énergie subit des atténuations plus ou moins considérables.

Ces indications font comprendre la disposition donnée au mât et à l’antenne terminale. Celle-ci n’est pas tout à fait verticale, elle est un peu inclinée et regarde vers le poste d’arrivée. Le chemin des ondes les plus efficaces peut être conçu comme un long bras, imaginaire, fixé en équerre sur l’antenne et dirigé vers la station réceptrice. Il faut que le mât soit élevé pour que ce principal faisceau d’émission ne se heurte pas au sol ou aux flots. Et, en effet, le flux électrique pourrait s’y briser ou s’y éteindre.

Les ondes électriques, à la vérité, ne sont point comme les ondes lumineuses arrêtées par les écrans opaques. Elles traversent les murs et les vitrages, comme les ondes sonores. Mais, comme celles-ci encore, elles sont plus ou moins amorties ou éteintes dans leur trajet, les écrans métalliques les arrêtent complètement; les matériaux de construction leur deviennent imperméables dès que l’épaisseur atteint un certain degré. Aussi cherche-t-on à diriger le faisceau normal principal de manière qu’il atteigne le poste opposé en rasant le sol ou les flots, mais sans s’y heurter.

Toutefois, sur cette importante question de la propagation des ondes du télégraphe sans fil, il subsiste encore quelques incertitudes. On croit possible que ce flux électrique radiant, au lieu de se briser dans l’obstacle et de s’y épuiser, puisse le contourner. Peut-être, en fait, les ondes électriques lancées par l’antenne usent-elles des deux modes de progression qui leur sont propres : la conduction et le rayonnement. Elles seraient amenées au poste d’arrivée, d’une part grâce aux vibrations de l’éther qui remplit l’espace, et, d’autre part, grâce au cheminement