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ne retenaient pas plus de 4 à 5 pour 100 de la chaleur émise ; tout le reste s’écoulait en pure perte par le conduit de fumée. Encore celle-ci ne s’en allait-elle pas toujours ; il y avait, suivant le vieux proverbe, tria damna domûs : imber, mala femina, fumus, » humidité, méchante femme, fumée, trois fléaux de la maison.

Malgré tous les perfectionnemens apportés depuis que l’on connut les lois de la pesanteur de l’air, de la transmission du calorique à distance et de la propagation à travers les corps solides ; malgré les travaux des « caminologues » depuis deux cents ans, nos cheminées actuelles les mieux agencées ne donnent que 12 à 14 pour 100 et les plus médiocres que 8 pour 100 de la chaleur produite. On ne saurait mettre son doigt sans douleur à 25 centimètres au-dessus d’une bougie allumée, tandis qu’on le peut maintenir latéralement à 2 centimètres de la flamme sans être incommodé ; différence entre la chaleur ascendante et la chaleur rayonnante. L’habitant de l’entresol se sacrifie à chauffer les murs, où s’adossent allègrement ses voisins des étages supérieurs. Il ne garde pour lui qu’une toute petite part, et l’on peut dire sérieusement que la place la plus chaude d’une maison, dont toutes les cheminées sont allumées, se trouve sur les toits.

De là l’idée de mettre le foyer à la cave, de l’enfermer et de le forcer à laisser toute sa chaleur dans une grande boîte de briques ; réservoir où des tuyaux vont la puiser, l’emportent et la versent par des bouches multiples à tous les étages et dans toutes les pièces de l’habitation : c’est le calorifère à air chaud, à peine usité il y a un demi-siècle, et que concurrencent maintenant les appareils à eau chaude et à vapeur.

Le fumiste est relativement un nouveau venu parmi les corps de métier ; des industriels, aujourd’hui à peine au seuil de la vieillesse, qui ont fait fortune dans cette profession, ont vu, depuis leur début dans les besognes les plus humbles, grandir d’année en année le rôle assigné naguère à leurs devanciers. Qu’est devenu le ramoneur olégiaque, ce « petit Savoyard » barbouillé de suie et de larmes, sur lequel s’attendrissait, en lisant les poésies d’Alexandre Guiraud, la société de la Restauration ?

Aux cheminées « à la Rumford, » puis à « rétrécissement, » ont succédé les appareils Fondet ou à coffre circulaire ; les poêles en « biscuit » ou mieux en terre cuite, ont fait place aux modèles en faïence émaillée, puis polychrome et enfin décorative. Et tandis que le fourneau de fonte, pour chauffage et cuisine à la