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Ceux qui brûlent du coke et qui l’achètent directement à la Compagnie du gaz sont sûrs de recevoir leur poids ; mais le coke, dont on vante souvent le bon marché, est deux fois plus cher que la houille dans notre capitale. Il chauffe moins et coûte davantage. Les 15 millions d’hectolitres, — 600 000 tonnes, — que l’administration met en vente chaque année, sont cédés par elle depuis 2 francs jusqu’à 0 fr. 20, suivant quelle les livre à la clientèle bourgeoise, aux charbonniers de gros, à l’industrie, aux chemins de fer par exemple, ou qu’elle les évacue en province. Ses expéditions à Orléans, Tours, Angers, Genève même, etc., dépassent 3 millions d’hectolitres ; au contraire, des usines du Nord et du Pas-de-Calais envoient à Paris chaque année des quantités notables de coke.

Et tandis que les 5 millions et demi d’hectolitres consommés par le chauffage domestique produisent à la Compagnie plus de 7 millions de francs, — 1 fr. 40 chaque, — les 10 millions d’hectolitres restant lui rapportent à peine 4 millions — ou 0 fr. 40. — Frappé de cette disproportion surprenante, j’ai demandé si un nivellement du tarif ne permettrait pas de faire profiter la population parisienne de prix plus avantageux, tout en augmentant le total de la recette. Il m’a été répondu que ce régime créerait des stocks très élevés, exigeant des emplacemens considérables et entraînant de grands frais de manutention ; que l’on se chauffait à Paris quelques mois seulement et d’une façon très variable suivant la rigueur de l’hiver. Objections fondées sans doute, dont mon ignorance personnelle m’interdit de discuter la valeur.


V

« On prétend, disait un journal d’annonces de 1775, qu’un Allemand a inventé une machine électrique, au moyen de laquelle il croit se chauffer sans bois ni charbon… » Ce rêve, — il y a 125 ans, ce ne pouvait être qu’un rêve, — n’est pas devenu encore une réalité. Sauf les chauffe-fers électriques, installés dans les cabinets de toilette des luxueux hôtels, pour faciliter l’usage des instrumens auxquels nous devons la belle ordonnance de ces « frisons » gracieux qui ombragent les fronts féminins des deux mondes, sauf d’ingénieux joujoux, l’électricité est trop coûteuse pour servir à élever la température.

Le fourneau d’une famille modeste demanderait un courant