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doute rien de plus que les prolétaires actuels, parce que l’État devrait nécessairement payer l’intérêt des emprunts qu’il aurait contractés pour ces travaux neufs, qui ne seraient pas tous rémunérateurs.


IV

Personne ne sait exactement combien, sur ces 40 millions de tonnes de houille, consommées en France chaque année, sont appliquées au chauffage domestique et combien aux usages industriels. La métallurgie, avec 6 millions de tonnes, est le plus gros client ; son degré de prospérité influe puissamment sur celle des houillères : la hausse de l’acier provoque la hausse des charbons. Les chemins de fer absorbent 4 millions et demi et les mines 2 millions et demi de tonnes. La fabrication du gaz en transforme à peu près autant, dont elle restitue, il est vrai, une grande partie à la circulation sous forme de coke ; le charbon français, chargé à bord de nos bateaux, ne figure que pour mémoire, — 200 000 tonnes. — Restent 77 000 machines ou chaudières à vapeur, possédant ensemble une puissance de 1 200 000 chevaux, depuis les simples locomobiles agricoles utilisées durant quelques mois seulement, jusqu’aux générateurs des usines, bouilloires immenses, jour et nuit sous pression. Des calculs établis d’après leur consommation probable, d’après la force déployée et la durée de la marche, leur attribuent 5 à 6 millions de tonnes.

Il resterait donc, pour le chauffage, 19 à 20 millions de tonnes de gailleteries, gailletins, « têtes de moineaux, » de tout-venant et de « fines, » de boulets et de briquettes, de gras newcastle et d’anthracite maigre, suivant les noms que porte la houille, d’après sa provenance, sa nature, ou l’aspect de ses morceaux. Types très divers, les uns brûlent vite, les autres lentement ; les uns riches en hydrogène, les autres flambans ou chaleureux.

Les Parisiens achètent pour 90 millions de francs environ de combustibles chaque année, à une centaine de marchands en gros, dont le commerce a suivi la pente naturelle que j’ai eu maintes fois occasion de signaler en d’autres branches : le bénéfice y a considérablement diminué par rapport au chiffre d’affaires. Tel de ces négocians me racontait avoir débuté il y a vingt-cinq ans chez un patron qui, avec 300 000 francs de vente, gagnait