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le Premier Consul. Ce sont ses deux plus belles années et des meilleures de notre histoire nationale, années de haute clairvoyance politique, de justice et de réparation, puisqu’elles furent marquées par la signature du Concordat (15 juillet 1801), de la paix d’Amiens (25 mars 1802) et du rappel général des émigrés (25 avril 1802). Pourquoi nous refuser le plaisir de croire que l’impression laissée à Paris par l’amie ou l’envoyée des Princes, et celle rapportée à Londres, ait contribué dans une mesure quelconque à cet apaisement momentané ? Nous serons toujours à temps pour maudire, trois ans après, le lâche attentat de Vincennes.

Terminons par quelques détails sur la personne de son auteur. La duchesse de Guiche mourut dix-huit mois après ce voyage, le 30 mars 1803, à l’âge seulement de trente-cinq ans, des suites d’une chute qu’elle lit en descendant une montagne dans les environs d’Edimbourg. Son corps fut déposé dans la chapelle d’Holyrood, ancienne résidence des Stuarts et tombeau des rois d’Ecosse. Elle avait exprimé dans son testament le vœu d’être rendue à sa patrie, aussitôt que les circonstances le permettraient. Par suite de ce désir, dont le duc de Gramont se fit l’interprète sous la Restauration, et d’une entente avec le gouvernement anglais, elle fut transportée en France en 1825, sur un bâtiment de guerre de la marine française que le roi Charles X donna l’ordre d’affréter à cette destination. Conduite par mer à Bayonne, elle fut ensevelie dans les caveaux de Bidache, sépulture de sa famille, où elle repose aujourd’hui.


MARQUIS DE GABRIAC.