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pression est proportionnelle à ces nombres. Toute molécule quelle qu’elle soit exerce en dissolution la même pression osmotique. Telle est, dans son élégante simplicité, la loi fondamentale de l’osmose.

La liaison de la force osmotique au nombre des molécules a été un trait de lumière. Tous les problèmes les plus profonds que soulève le jeu de cette force, l’une des plus générales de la nature, en ont été éclairés subitement. Les tables de chiffres qui résument les expériences de Dutrochet, de Pfeffer et de H. de Vries en reçoivent une haute signification. Une analogie fondamentale, impossible à apercevoir tant que l’on comptait les concentrations en poids et les compositions en centièmes, se dévoile et s’impose à l’esprit. La pression osmotique est proportionnelle au nombre des molécules réparties dans un volume donné ; cet énoncé fait surgir dans le souvenir la loi des gaz, le principe d’Avogadro : La pression gazeuse est proportionnelle au nombre des molécules dans un volume donné. Serait-ce donc que la substance dissoute dans l’eau aurait quelque analogie avec le gaz répandu dans l’espace éthéré, et que la pression osmotique serait comparable à une pression gazeuse ?

Telle est la question qui s’impose inévitablement à un esprit réfléchi. C’est celle qui se présenta évidemment à Van t’Hoff et qui devint le point de départ de son ingénieuse et profonde théorie. Son premier soin dut être de serrer de plus près ces apparences d’analogie : leur explication devait être réservée pour plus tard. Si la pression osmotique est réellement assimilable à la pression gazeuse, elle doit suivre les mêmes lois expérimentales qui régissent l’état gazeux, celle de Mariotte relative à l’influence du volume, celle de Gay-Lussac et Regnault, relative à l’influence de la température. Et c’est ce que les tables permettent de vérifier, en effet. Les mesures de Pfeffer concordent parfaitement avec ces règles. La formule des gaz parfaits s’applique donc aux solutions.

La théorie se présente jusqu’ici avec des caractères d’une remarquable simplicité. L’assimilation du corps dissous à un gaz semble donc parfaitement légitimée, au point de vue expérimental. Quelles que soient les raisons que nous en puissions concevoir, la manière dont nous puissions l’expliquer, l’identification de ces deux états matériels, substance dissoute d’une part, substance vaporisée ou gaz d’autre part, leur analogie semble inébranlablement établie. Elle est fondée sur des concordances