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La pression osmotique ainsi mesurée devient une constante physique qui caractérise la solution employée. Par exemple, si le vase intérieur contient un gramme de sucre, et qu’à la fin de l’expérience le volume de la solution qui le remplit soit de 100 centimètres cubes, on constatera que la colonne d’eau soulevée équivaut à une colonne de mercure de 52 cent., 4. On dira donc que la pression osmotique du sirop qui contient 1 gramme dans 100 centimètres cubes de solution est égale à 52 cent., 4 de mercure. Pfeffer a exécuté un certain nombre de déterminations de ce genre. Il a fixé les pressions osmotiques correspondant aux diverses concentrations. Il a opéré aux diverses températures, lia constitué ainsi un tableau des valeurs de la pression osmotique de la solution sucrée dans diverses conditions. C’est là une nouvelle table de données numériques. Ces nombres sont indépendans des circonstances de l’opération, du volume de l’appareil, de la nature de la membrane. Chacun est attaché à la solution correspondante comme un paramètre qui la spécifie tout aussi bien que sa densité, son point de congélation, sa conductibilité électrique ou toute autre constante physique.

On comprend, sans qu’il soit nécessaire d’insister davantage, le changement dans les idées qui résulte de ce simple changement dans le mode opératoire. Dutrochet faisait usage de membranes perméables dans les deux sens : il observait deux courans inverses, l’un d’osmose qui entraînait l’eau, l’autre d’exosmose, ou comme l’on dit maintenant de diosmose, qui emportait le sucre. Il ne pouvait noter que la différence de ces deux effets contraires, associés et superposés. Lorsque le mouvement ascensionnel dans le vase intérieur se ralentissait et s’arrêtait enfin, l’opérateur mesurait la différence des niveaux dans les deux parties de l’osmomètre ; il déterminait ainsi la pression osmotique correspondant à la solution telle qu’elle était composée à ce moment même. Mais ce moment est fugitif : il est difficile à saisir. Si on le laisse échapper, l’épreuve est à recommencer. Le courant de diosmose continue d’entraîner de nouvelles quantités de la substance dissoute ; le niveau s’abaisse lentement et le terme de l’opération arrive lorsque enfin le sucre est également partagé entre les deux vases, et les deux niveaux confondus. La pression osmotique est alors disparue. Cette ancienne manière de procéder, malgré ses désavantages, est certainement correcte ; mais, précisément, elle ne fait pas apparaître le véritable