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NAPOLÈON III ET L'ITALIE

IV.[1]
LA FAUTE DE L’AUTRICHE


XVIII. — LE COMTE DE CAVOUR A PARIS

Lord Malmesbury, ayant secoué sa mauvaise humeur, se retourna vers Berlin et Pétersbourg pour concerter un nouveau plan de campagne ; il désirait que les questions soumises au congrès fussent discutées et arrêtées à l’avance ; il tenait à circonscrire, à préciser le débat, et à ne pas laisser de portes ouvertes à une demande de révision subreptice des traités de 1815. L’Empereur ne s’offusquait pas de ces pourparlers ; il savait que le prince Gortchakof appelait le traité de Paris « sa robe de Nessus » et que le baron de Schleinitz devenait nerveux au souvenir d’Olmutz. Beaucoup de ses illusions, d’ailleurs, s’étaient envolées. Il s’apercevait, en voyant des obstacles surgir de tous côtés, que son ascendant n’était pas irrésistible et qu’il ne suffisait pas de soulever une question pour que toute l’Europe s’inclinât. S’il souhaitait la guerre, il ne la voulait pas à tout prix ; son traité avec la Sardaigne n’était que défensif. Il avait eu la sagesse de se réserver le choix de l’heure pour intervenir militairement, et, dans la note soumise à ses ministres au mois de décembre 1858, il avait déclaré formellement qu’une guerre contre l’Autriche devait,

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 février et du 15 mars.