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Parsis ont gardé fidèlement l’observance des préceptes de Zoroastre ; ils se distinguent entre toutes les populations de l’Inde par les mêmes vertus que recommande le livre sacré : sévérité des mœurs, goût de la vie familiale, aversion du mensonge, probité dans les transactions, amour du travail.


IX

Quand le christianisme, apparaissant à la lumière des prétoires, força les lettrés et les gens du monde à s’occuper de lui, après l’avoir pris pour une secte juive, on le confondit avec un de ces cultes solaires, qui venaient si nombreux de l’Orient. L’empereur Hadrien ne distingue pas encore les adorateurs de Sérapis et ceux du Christ. Mais déjà Celse signale des ressemblances entre le christianisme et le culte de Mithra : « Celui, dit-il, qui veut comprendre les mystères des chrétiens, doit les comparer avec les mystères des Perses. » Tertullien, à son tour, relève des analogies, qui ont pu prêter à la confusion : « D’autres, dit-il, avec plus de sagesse et de raison, croient que le soleil est notre dieu, parce que, pour prier, nous nous tournons vers l’Orient, et parce que nous faisons du dimanche le jour du repos et de la joie. Mais nous agissons ainsi pour d’autres raisons. » Et saint Augustin, qui fait la même remarque, ajoute que les chrétiens ne font que célébrer le Créateur dans sa création.

Il faut dire que les chrétiens, surtout ceux d’Orient, par leur langage plein de formules et d’images empruntées aux religions de la Syrie et de la Perse, entretenaient eux-mêmes cette illusion. Pour l’évangéliste d’Ephèse, Christ est la lumière venant en ce monde pour illuminer les hommes. L’Apocalypse abonde en métaphores et en symboles qui portent la marque de souvenirs persans. Ignace d’Antioche écrit : « Un astre a brillé dans le ciel au-dessus de tous les astres, et les autres astres ainsi que le soleil et la lune lui ont fait cortège ; et lui-même par sa lumière éclipsait toutes les lumières. » Méliton imagine que le Christ a bien pu se plonger dans le Jourdain, « puisque le soleil se baigne tous les soirs dans l’Océan. » On multiplierait à satiété des citations de ce genre. Un jeu de mots très connu, et que relèvent les Pères de l’Eglise, se colportait dans les sociétés chrétiennes. Un martyr, sommé de sacrifier aux idoles, répondait par le texte de l’Exode, qu’il ne sacrifiait qu’à Dieu seul : Domino soli. Le magistrat, qui