Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/545

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Celse, de Porphyre et de Macrobe[1]. Les symboles astronomiques de la grotte représentaient la voûte du ciel et la double révolution céleste, celle des étoiles fixes et celle des planètes ; les premières, séjours de lumière et de splendeur ; les secondes, réservées à l’évolution des âmes. Aux deux extrémités du ciel sont placés les deux Tropiques, celui du Cancer et celui du Capricorne. Ce sont les deux portes, l’une des dieux, l’autre des hommes, ainsi nommées, parce que de l’une descendent les âmes éprises des corps mortels, et que par l’autre elles remontent à leur lieu d’origine. Le Cancer est affecté à la Lune, source de génération et conservatoire de vie pour tous les théologiens de l’antiquité ; le Capricorne à Saturne, la plus éloignée et la plus lointaine des planètes. Du Cancer au Capricorne, et du Capricorne au Cancer, se répartissent et s’échelonnent les douze signes ou constellations. Quant à Mithra, il siège entre les deux équinoxes. « Il porte le glaive du Bélier, signe de Mars, et il est porté par le Taureau, signe de Vénus. »

L’âme, essence divine, libre de toute contagion matérielle, descend ou tombe d’elle-même, par l’appétence des corps, par un désir latent de volupté, et par le poids seul de sa pensée terrestre, enivrée d’un miel, qui lui verse l’oubli de la lumière éternelle. Mais ce n’est pas d’un coup et brusquement que, de son incorporabilité parfaite, elle arrive à revêtir un corps de boue périssable. La chute est graduée. Celse la figurait par une échelle ou un escalier, avec sept points d’arrêt, où s’ouvrent autant de portes. Ces portes sont celles des planètes. A mesure que l’âme descend de l’une à l’autre, elle perd de sa pureté première et ressent des altérations successives de sa perfection. Elle se gonfle et se sature de la substance sidérale ; chaque sphère la revêt d’une enveloppe éthérée, de plus en plus sensible ; elle éprouve autant de morts qu’elle traverse de mondes, jusqu’à ce qu’enfin, de chute en chute, elle parvienne à celui qu’on appelle « le monde de la vie. » En même temps chaque planète la dote des facultés nécessaires à son existence terrestre : Saturne lui donne le raisonnement et le calcul ; Jupiter l’énergie active ; Mars l’ardeur passionnée ; le Soleil l’imagination et le sentiment ; Vénus le désir ; Mercure l’herméneutique ou la faculté de s’exprimer ; lu Lune celle de croître

  1. Origène : Contra Celsum (VI, 22) ; Porphyre : De antro Nympharum (ch. X, XXII) ; Macrobe : In somnium Scipionis (XI).