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moment où il rentrerait dans ce signe. Le soleil était en effet leur principale étude. Ils lui avaient tracé sa voie dans le ciel, compté pour autant de victoires son entrée dans les douze signes, ses hôtelleries célestes, nommé ces signes par les vagues figures ébauchées par le groupement des étoiles et rattaché à chacun autant de légendes héroïques. Ils avaient affecté à ces signes leurs douze dieux principaux et aux trente-six décans les trente-six divinités inférieures. Mais pour eux, le ciel était surtout le livre des destinées, la manifestation sensible des volontés divines. Des influences constatées du soleil, de la lune et des planètes sur la nature et sur l’homme, ils concluaient à des influences permanentes et occultes, à des sympathies mutuelles que la science pouvait pénétrer et dont le secret assurait la domination sur les hommes.

Cette civilisation, servie par les armes victorieuses des rois assyriens, s’était imposée depuis des siècles à toute l’Asie. La Médie, la première étape de la conquête persane, en était toute pénétrée. Ecbatane, que vit Hérodote, avait, comme les villes de Chaldée, sept enceintes aux couleurs des sept planètes. Les mages y dominaient. La pure religion de la Perse, presque absolument dépouillée d’élémens naturistes, ne tarda pas à s’altérer par ce voisinage. L’Avosta, même dans ses parties anciennes, porte la trace de ces influences ; non seulement la fixation des périodes de la grande année cosmique, mais le nombre des Amshaspands, celui des Izeds, qui répond aux jours du mois lunaire, en portent le témoignage. Il y eut sans doute des réactions violentes ; telle la restauration politique et religieuse opérée par le fils d’Hystaspe, Darius, et attestée par la grande inscription de Behistoun. Mais jusque dans ce monument du vainqueur se fait sentir l’empreinte des idées et des formes chaldéennes. Les caractères de l’écriture et le nom des mois sont chaldéens ; chaldéens et comme détachés des monumens de Babylone les génies, taillés dans le rocher. La bête ahrimanique que combat Darius appartient à la même origine. Le sigle même de la divinité, l’Ormuzd en buste, ceint de la tiare, aux quatre ailes éployées et qu’enserre le cercle, symbole de l’éternité, vient en droite ligne de l’Euphrate. La revanche, d’ailleurs, ne se fait pas attendre. La femme de Xercès, Amestris, est toute dévouée au magisme. Avant l’expédition grecque, elle sacrifie aux divinités infernales sept couples de garçons et de filles. Pareil sacrifice expiatoire se consomme sur les bords du Strymon, par l’ordre du Grand Roi. Sous Artaxercès