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montre déplorablement impropre à la relever et à la maintenir à l’indispensable niveau. Ont-ils tort, ou raison ? Ce n’est pas ce que nous recherchons en ce moment ; mais ils obéissent à une impression commune dans son principe, sinon dans ses résultats, et qui est trop générale pour qu’on puisse la croire sans cause et sans objet.

Quoi qu’il en soit, l’intervention de la police auprès des diverses ligues a posé une question, bien vieille à coup sûr, mais qui semble rajeunir quand les circonstances lui sont favorables, et elles le sont aujourd’hui au point d’imposer la préoccupation à tous les esprits. Il s’agit du droit d’association. Combien de fois déjà des projets de loi sur la matière ont-ils été déposés à la Chambre ou au Sénat, soit par le gouvernement, soit par des députés ou des sénateurs qui en avaient pris l’initiative ? On ferait presque une bibliothèque avec ces projets, et avec les rapports dont ils ont été suivis ; mais on n’en ferait pas une avec les discussions qu’ils ont provoquées. On a travaillé beaucoup dans les Commissions, fort peu en séance publique. Beaucoup d’autres projets, moins importans à coup sûr et moins sérieusement étudiés, ont eu un honneur qu’on n’a pas encore accordé à ceux-ci. Nous espérons toujours. Notre espoir a été ravivé par le gouvernement actuel ; il a mis une loi sur les associations dans son programme ; mais laquelle ? C’est ce que nous ignorons encore. Nous savons seulement que le Conseil d’État a été chargé d’en préparer le texte, et qu’il se livre au préalable à de très grands travaux. Il étudie toutes les législations étrangères et les compare. S’il ne fait pas une loi, il aura fait au moins une enquête pleine d’intérêt. Mais c’est une loi que nous attendons, et le ministère Dupuy, après l’avoir promise, s’est comporté de manière à en faire de plus en plus sentir la nécessité. Nous reconnaissons d’ailleurs la difficulté inhérente à la rédaction de toute loi de ce genre ; aussi demandons-nous instamment qu’on ne la complique pas de difficultés qui lui sont étrangères. Il y a chez nous un parti nombreux et actif qui est arrivé à faire croire qu’une loi sur les associations devait avoir pour principal, sinon pour unique objet ; de conduire à la séparation des Églises et de l’État. Cette manière de poser le problème le rend à peu près insoluble ; mais il n’est pas vrai qu’une loi sur les associations doive nécessairement s’appliquer aux Églises et leur assurer des conditions d’existence dans le droit commun. La question religieuse conservera longtemps encore chez nous un caractère spécial. C’est une question politique, diplomatique et sociale, à laquelle un grand nombre d’autres se rattachent plus ou moins intimement : il est impossible de les résoudre toutes par une formule unique. Regarder