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allait, remis en liberté à l’expiration de la peine de trois mois d’emprisonnement prononcée contre lui, continuer, — combien de temps encore ? — à ensanglanter le pays !

Douze crimes du 1er avril 1894 au 4 août 1897, voilà ce qu’il a avoué. Mais la liste sanglante serait autrement longue si l’instruction à Belley avait pu, avant qu’il avouât, connaître la série nouvelle quelle nota dans la suite. Le juge d’instruction n’avait étudié que huit crimes paraissant être l’œuvre du même individu : dès qu’il les reprocha à Vacher, celui-ci les confessa. Si le juge avait pu lui imputer encore les quinze ou seize crimes qu’il lui attribue en outre aujourd’hui, assurément Vacher, déconcerté et se sentant découvert, les aurait également confessés, car trois nouveaux aveux de crimes inconnus ont pu lui être arrachés.

Vacher, outre les assassinats dont il s’est reconnu coupable, serait encore, selon la conviction du magistrat instructeur, l’auteur des crimes suivans. Le 14 avril 1895, une marchande foraine, vendant des oranges, était assaillie dans le quartier de Surville à Lyon, par un individu dont le signalement est bien celui de Vacher. L’agresseur tente de violer cette femme et la menace de son couteau (fait cité). Le 7 septembre suivant, une fille d’une trentaine d’années, Francine Rouvray, est trouvée morte, la gorge coupée, la tête presque détachée du tronc. C’est lui aussi qui vraisemblablement, à Four (Isère), le 22 septembre suivant, a tué à coups de pierres, ensuite volé Madeleine Martelat, veuve Bacconnet, âgée de soixante-quatre ans. Vacher a dit à un témoin qu’il la connaissait et s’est entretenu avec lui de ce crime ; de plus, il était dans la région lorsque le meurtre fut commis. Or, à la même époque, il a assassiné une vieille femme à Hauterive (Drôme).

Le 29 octobre, c’est encore très probablement lui qui a tué, à Parnans, même région, Marie Ageron, veuve Donger, âgée de 66 ans, dont le cadavre a été trouvé dans un bois à 300 mètres de son habitation et à trois mètres d’un sentier, la tête séparée du tronc et le cœur arraché. Deux témoins fort honorables ont fait, le jour du crime, à Parnans même, l’aumône à un vagabond dont le signalement correspond exactement à celui de Vacher. Mais le 23 septembre, le lendemain du crime de Four, il avait étranglé dans la même région, à la Baume-d’Hostun, une autre vieille femme. Il serait encore l’auteur, — selon d’autres témoins, mais le fait n’est pas certain, — du meurtre commis sur le